A la loupe : PARTENARIAT GLOBAL

Décrite par Jacques Chirac comme le plus important document entre France et Chine depuis 1964, la «Déclaration Commune pour un Partenariat Global» doit être retenue à double titre:

– 1er essai historique de concevoir des rapports privilégiés entre 2 pays d’Europe et d’Asie (avec un niveau d’intensité comparable à celui des relations France-USA ou RFA, par ex.).

– modèle qui pourrait être repris par d’autres pays de l’Union Européenne.

Projet politique: l’objectif de multipolarité, en termes simples, signifie «laisser de la place pour tout le monde», et pratiquement, imposer sur la scène des Nations Unies tout projet commun même s’il déplaît à Washington. France et Chine sont d’accord -au moins sur papier- pour accélérer un ban sur la production ou exportation d’armes nucléaires, chimiques et des mines.

Projet policier : coopérer contre les trafics de drogue, l’immigration clandestine et tout terrorisme (c’est l’intégrisme islamique qui est visé!).

Un aspects les plus nouveaux: l’accord de coopération gouvernementale pour se rencontrer, au niveau des Chefs d’État ou de Gouvernement, «au moins» une fois par an et deux fois pour les ministres des affaires étrangères.

Quoiqu’on puisse en penser, une grosse part de l’incompréhension entre Ouest et Est provient de l’écart culturel (alphabet face aux idéogrammes, cartésianisme face à divers syncrétismes sur fonds confucéen), et de l’absence de dialogue: ce calendrier de rencontres contracté par les deux Chefs d’État est primordial, en ce qu’il offre pour la 1ère fois l’instrument pour dépasser ce malentendu permanent entre les deux «pôles» de la planète.

Ces rendez-vous sont calqués sur le modèle des rencontres franco-allemandes, qui avaient été voulues après la 2.de Guerre Mondiale, pour dissiper des incompréhensions du même ordre. Par la suite, ces rencontres franco-allemandes étaient devenues, au sein de l’Union Européenne, le moteur de la locomotive du même nom. Le fait que cette déclaration propose un dialogue permanent euro-asiatique, n’est pas innocent: on voit bien quel rôle dynamique France et Chine ambitionnent de tenir dans cette structure!

Au plan économique, la même stratégie est proposée: par l’adoption d’accords sectoriels bilatéraux, on veut favoriser la création de filières qui affranchissent de la dépendance nord-atlantique, toutes basées sur le mariage entre une technologie européenne et un marché chinois. Quelques uns de ces accords ont été signés les mois ou la semaine passée: concernant l’espace (lanceurs, satellites), le nucléaire civil, l’environnement, la santé, l’agro-alimentaires. Ces accords sont classiques, définissant cadre commercial, normes, financements d’État, recherche et développement etc.

Un secteur-clé est l’aéronautique: Airbus et son partenaire AVIC commencent cette année la production de l’AE100 (opérationnel d’ici 2003), coopération que Boeing avait briguée. Airbus, qui sait qu’une des raisons de l’échec américain tient à avoir trop longtemps hésité à donner sa technologie, veut aller vite et loin -vers d’autres modèles, d’autres synergies…

Les 2 pays se promettent de poursuivre les coopé engagées dans tous les domaines administratifs: entre ENA/ENAC (les écoles nationales des cadres supérieurs), Cours des comptes, Offices de Sécurité Sociale, PTT, systèmes judiciaires, centres de recherche (un labo commun de recherche en informatique sera inauguré en septembre, avec une tête à Pékin, l’autre à Paris)…

Enfin, les structures diplomatiques s’agrandissent: nouvelle ambassade d’ici 5 ans pour la France à Pékin (tous services, résidence, centre culturel, lycée de 700 places avec internat), et consulat général pour la Chine à Strasbourg qui veut y observer les débats (souvent critiques) à son sujet, au Parlement Européen…

Un programme de coopé donc très complet, qui va faire réfléchir, les mois à venir, bien des capitaleset qui illustre avant toute chose le dynamisme de la diplomatie chinoise à travers le monde!

 

 

 

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