Fière de son prodigieux développement, la Chine sera demain au 1er rang dans le monde (J. Chirac)…Nous savons que vous aimez la Chine» (Jiang Zemin) : c’est sur ces accents «émotionnels» que s’est déroulée la visite du Président français, du 15 au 18 mai à Pékin puis Shanghai, 1ère du genre depuis 14 ans.
Ton théâtral, mais non feint: on devine, chez les deux Chefs d’Etat, la certitude de faire l’histoire, comme J. Monnet, de Gaulle ou Konrad Adenauer en 1957. Les deux chefs d’État le disent: l’essentiel n’est pas dans les contrats industriels (qui par ailleurs sont là: cf plus bas). Il s’agit de créer ab nihilo un axe euro-asiatique, destiné à contester aux USA leur rôle, depuis le naufrage de l’URSS, de superpuissance unique. Europe et Asie se retrouvent confrontées à ce rapport de force défavorable. J. Chirac prend l’initiative d’une évolution systématique dans l’histoire, chaque fois qu’un pays devient trop puissant. En ce sens, le Partenariat global convenu vendredi 16, est une conséquence lointaine de la chute de l’URSS -la nature a horreur du vide!
Contre cette visite: des grognements depuis Strasbourg et Bruxelles, contre la France ayant renié pour quelques contrats la solidarité européenne. Pékin comme Paris peuvent se justifier de ce soupçon, puisque la construction envisagée inclut l’Union Européenne et des clubs de nations comme ASEM ou ASEAN – à eux de jouer à l’avenir!
Moins convaincante, il faut le dire, la rhétorique chiraquienne à propos des droits de l’homme. Il est vrai que le Président français a, pour l’occasion, réclamé la liberté pour deux dissidents de renom… Indice qu’il sentait sa position, en ce domaine, un peu légère. Mais cette transgression à son propre principe de «non-intervention» dans les affaires chinoises, rend le personnage plus humain et sympathique!
Sommaire N° 18