Dans les années 1970, la corruption de Hong Kong valait celle de Chine maintenant, freinant l’accès aux affaires d’une jeunesse universitaire et technocrate – le lancement de Hong Kong comme puissance commerciale.
En 1974, suite à un scandale mouillant un policier de haut rang, l’ICAC fut mise sur pied: structure juridique unique (d’où son succès), indépendante de la police, comme de la justice. Aujourd’hui, l’ICAC compte 1200 éléments parmi les meilleurs de la Colonie (on se bat pour y rentrer, en raison de son image de probité). Dans son gratte-ciel de Cotton Drive, c’est le Chevalier Blanc, travaillant à l’ordinateur: outils dernier cri (statistiques «on-line», système vidéo pour interrogation à distance, salle des identifications). L’ICAC enquête sur base des dénonciations des citoyens ou entreprises.
Signe de confiance: 65% des informateurs acceptent de s’identifier (contre 0% en Chine). Les «affaires» traitées sont de toutes tailles, du contrat boiteux de fournitures au futur aéroport de Shek Lap Kok, à quelques rouleaux de piécettes détournées de machines à sous.
L’ICAC fait aussi de la prévention en entreprise, organisant des séminaires, aidant les secteurs professionnels (telle la décoration intérieure, fief de la mafia) à mettre au point des codes de conduite très efficaces contre les tentatives de graissage de pattes. Enfin, la lutte anti-corruption est portée dans les foires, les écoles, à la TV – 5 heures par an de série noire (top succès d’audience!), basées sur des cas réels de corruption démantelés par l’ICAC.
Dernier succès de l’ICAC: mi-avril, suite à son travail, 3 industriels pharmaciens ont été appréhendés pour tentative de soudoyer le Ministère de l’emploi: 120 000 HK$ offerts pour 4 permis pour chinois illégaux…
Après le 1er juillet, l’avenir de l’ICAC est garanti par l’art. 57 de la Loi fondamentale (chinoise) pour Hong Kong : l’institut dépendra directement du gouverneur – comme avant!
Enfin, une bonne question: le modèle de l’ICAC est-il transposable en Chine -serait-il LA solution à ce mal majeur de la Chine Populaire?
Réponse: la coopération existe, notamment avec Canton qui admire le système. Mais son principe (l’autonomie de fonctionnement) remet en cause trop de privilèges: dans un système socialiste, dépouiller la police d’une de ses prérogatives est malaisé – les temps ne sont pas mûrs!
Sommaire N° 16