Le Premier Ministre Li Peng apparait aujourd’hui au “firmament de sa gloire”.
Forçant l’Ouest à cesser de l’ignorer (pour son rôle dans le massacre de la place Tian An Men en juin1989), le voilà qui revient du Sommet Euro-Asiatique de Bangkok, où il a rencontré, entre autres H. Kohl et J. Chirac, avant d’ouvrir ce mardi, la session annuelle de l’A.N.P. (Assemblée Nationale Populaire) -et quelques mois avant sa visite officielle en France… Retournement spectaculaire de situation, dû à la cohésion étroite du leadership chinois face au monde occidental!
La nouvelle apparaît étonnante : de source sûre, le Premier Ministre a été critiqué par le Président Jiang Zemin avant, pendant et après la Fête du Printemps, dans la presse,au sein du Bureau Politique et lors d’un voyage dans le Nord Est.
Li Peng s’est vu reprocher la montée du chômage et les difficultés croissantes à maintenir son taux en dessous de la barre des 3%, le gonflement des bilans statistiques de fin d’année, la corruption galopante des administrations et de l’armée…
A travers cette rupture de la solidarité, on peut lire le choix politique fait par Jiang Zemin depuis au moins un an:entre les quatre grands “lobbies” du pays -l’Armée, les technocrates, les milieux d’affaires et le “gang aux cheveux blancs” des vieux gauchistes, c’est ce dernier clan qu’il a choisi pour se maintenir au pouvoir! Ceci, au passage, trahit sa solitude, réduit qu’il est aux alliés ayant le moins d’avenir, faute d’avoir su convaincre les autres!
Jiang Zemin donc, à longueur de campagne idéologique, avertit l’armée d’être “fidèle”, tire contre les milieux d’affaires (accusés d’être esclaves des modes occidentales), et contre les techniciens, qui ont “oublié l’esprit de la culture marxiste”… Li Peng étant chef de file des technocrates!
L’enjeu de tout cela pourrait bien être la position qu’il faudra confier au Premier Ministre à l’échéance de son mandat en janvier 1998: poste “honorifique”, tel Président du Parti… ou de la République, c’est à dire, celui de Jiang Zemin!
Au fond, le Président passe à l’attaque, lassé de prendre tous les coups en tant que responsable d’un pays dont presque toutes les commandes lui échappent, et contraint par l’échéance de la mort de Deng Xiaoping!
Sommaire N° 9