Shanghai, métropole de la démesure (14 millions d’âmes), «tête du Dragon» (du Yangtzé, navigable jusqu’à Chongqing), a subi en 10 ans plus de bouleversements que toute autre ville de Chine.
Le plus énorme: Pudong, grand comme Singapour, enclavé entre Yangtzé, Huangpu et la mer, a été domestiqué par de gigantesques ponts suspendus et tunnels, offrant à la ville congestionnée la terre neuve qui lui manquait. Shanghai et Pudong bourgeonnent de centaines de tours de verre teinté, y compris celle de la TV, arrogante sinon esthétique, 470 m de hauteur.
Pudong a déjà attiré 4400 usines étrangères, et drainera 30 MMUSD d’ici ‘2000, pour un réseau d’autoroutes urbaines à deux étages, le métro, un (2ième) aéroport international, un opéra (ces 2 derniers, dessinés en France)… Le résultat étant, fin 1996, une fourmilière inquiète, un décor trouble tissé de tous les âges:colonial, maoïste, libéral «yankee», «Mad Max», grands magasins aux portes guettées par des nuées de clochards, hôtels 5 étoiles aux abords boueux…
Dans ce Shanghai qui s’échauffe avant le match du 21.siècle, les étrangers viennent prendre leur place. Pas celle d’avant-guerre, où ils étaient les maîtres, derrière les hauts murs de leurs concessions. Mais celles de partenaires technologiques et financiers, dans le cadre d’un rapprochement entre continents, aussi difficile qu’inéluctable – la mondialisation.
D’une centaine en 1987, les Français de Shanghai sont aujourd’hui 529 (avec une petite école franco-allemande tout juste ouverte). Pour les 200 hommes d’affaires de la mission «prince Philippe», la semaine dernière, le vice-maire de Shanghai vient de chiffrer ses échanges avec la Belgique: 250 MUSD (+32%) sur les 12 derniers mois, et 89,5 MUSD belges placés sur Shanghai et Pudong. Une coopération prometteuse donc, mais qui a ses ambiguïtés aussi: individualiste et (comme toute la Chine) assoiffé de profits à court terme, le Shanghaïen n’est pas toujours un partenaire fiable, ni facile. Les pressions et l’absence de transparence de ce régime autoritaire, n’arrangent rien!
Sommaire N° 44