L’effort de propagande pour célébrer, mardi 22, le soixantième anniversaire de la Longue Marche (expos, films à travers le pays, monopolisation des chaînes TV etc.) force la question du sens de cet événement aujourd’hui.
Non pour l’homme de la rue -pour qui le thème n’évoque guère plus qu’une réminiscence scolaire rebattue, mais pour la direction du PCC: (Parti Communiste Chinois) : ce n’est peut être pas un hasard, si cette date tombe 2 semaines après la campagne, voulue par le Président Jiang Zemin pour faire passer la Chine vers une société spirituelle socialiste (SSS), en attendant toujours la phase finale du communisme.
Campagne importante, parce qu’elle résume, en 5 ans de mandat présidentiel, le seul message sur la manière dont le pays devrait évoluer à l’avenir, et parce qu’elle se veut la plate-forme politique des années à venir : sauf tournant, il n’y aura pas de réforme politique d’ici l’an 2000. Il se trouve que la mobilisation et les vertus invoquées par la SSS sont celles des compagnons de la Longue Marche. Mais, appels moralistes mis à part, quels sont ses objectifs?
Evoquée par la presse depuis des mois, la mise en place d’offices aussi minuscules et discrets que puissants, destinés à s’assurer de la discipline des hauts cadres provinciaux, et l’investissement dans des milliers de structures de soutien, dans les villes et campagnes, afin de ranimer 80 000 cellules du Parti désactivées, participent du même projet: enrayer, malgré (ou parallèlement à) la mondialisation, le processus de nécrose qui a déjà eu raison des PC soviétiques et est européens.
Dès maintenant, on peut lire, dans cette campagne de la SSS (quelque soit le sort que lui réservera l’histoire) une tentative pour réconcilier Deng Xiaoping – pour son oeuvre économique- et Mao Zedong -pour l’estime et les vertus dont demeure paré le fondateur du régime.
Le tout cherchant à court terme, à empêcher toute remise en cause du monopole politique, vécue comme faiblesse, de la part d’hommes peu habitués à transiger hors de leur cercle, et à long terme, un modèle de développement néocapitaliste, non libéral, et non-aligné!
Sommaire N° 39