Pour cet expert européen, la ligne , comme outil de croissance, est un projet endogène : le bas niveau de développement des zones desservies ne leur permet d’exploiter que des technologies locales -acier, béton.

Difficulté de trouver les expatriés disposés à s’établir sur place (sauf peut-être dans des villes cantonaises proches de HK, comme Shantou). Difficultés de maintenance, pour les J.V., du fait de l’absence du tissu de services en aval : ni comptables / audits de classe internationale, ni de spécialistes ordinateurs/logiciels…

Mais les villes-étapes ne l’entendent pas de cette oreille, et veulent saisir leur chance -avec autant de dynamisme que de naïveté. Toutes ces villes ont investi dans leur «parc des expos», «zone industrielle», sans oublier les incontournables hôtels, restaurants et karaokés, et affûté leurs atouts à présenter aux étrangers. Voici quelques unes de ces stratégies locales, du Sud vers le Nord :

[1] Huizhou (Nord/Canton). Sa gare vient de passer de 3 000 à 10 000 passagers/jour, sa capacité de fret à 20 000 t. D’ici ‘2000, la ville espère tripler ses investissements pour traiter un maximum de ces volumes passant chez elle : bretelle ferroviaire de 53 km et voie rapide vers Aotou, son port en eaux profondes, pour exporter les marchandises venues du Nord. Crédits à trouver pour ces 2 liaisons : 1MMY.

Autres projets : 20 à 30 MMY d’infrastructures (postes, routes), extension du port (d’1Mt /an, à porter à 10Mt/an), et de l’aéroport (pour y recevoir des Boeing 747). Huizhou qui a trop de voitures, veut aussi construire 4 parkings + terminaux bus et taxi en lisière de ville pour interdire la circulation intra muros.

Tout ceci, sans parler des investissements. industriels privés, locaux et étrangers, très actifs dans la province.

[2] Ganzhou (Jiangxi) est d’un autre monde, 30 ans en arrière, et soumet des projets plus humbles -moins mûrs : ferme industrielle (porc et tortue) pour 9 MY, projets pour des montants du même ordre,décrits dans un anglais chatoyant et incompréhensible («coloured woven, pipe line»)… Le Jiangxi est de loin a province la plus pauvre du Sud-est, avec (en 1994) un revenu moyen/ht de 2 800 Y/an (5 000 pour le Zhejiang, son voisin) et un investissement étranger n’atteignant pas les 300 MUSD  – 1,16 MMUSD au Zhejiang, plus petit…

[3] Jiujiang, plus au Nord (Jiangxi) comporte, avec toutes ses banlieues, 4,1 M hts.

La ligne traverse la «ville» sur 94 km (1h1/2). Sa vocation : point de passage, puisqu’en plus du nouveau cordon ombilical, elle a le Yangtzé (barges de 1500t de Shanghai à Chongqing, 8000 t après achèvement du barrage des 3 Gorges), 2 autres lignes fer (Shanghai-Chongqing, Jiujiang-Hefei), 3 sections d’autoroutes (dont 2 en construction) et un aéroport (3, bientôt 9 destinations intérieures). Jiujiang veut vendre aux étrangers ses réserves d’eau (ses diverses aquacultures), sa houille blanche, (capacité. 750 000Kw), ses produits agricoles (Riz, coton), ses mines et son tourisme. Elle dispose d’industries aussi diversifiées que peu avancées : textile, électromécanique, métallurgie… La ville a préparé pas moins de 10 réglementations spécifiques, destinées à «bichonner» l’ étranger sur son territoire!

[4] Shangqiu (Est/Henan),«comptoir» agricole traditionnel de 4 provinces, mise sur la ligne Beijing-Kowloon pour changer la vie de ses 7,5 M de paysans disséminés sur 11 000 km².

A Shangqiu croise une ligne fer Est-Ouest, Liangyungang-Rotterdam, pompeusement nommée « pont transcontinental euro-asiatique ». Elle a aussi sa batellerie (accès au Grand Canal) et son aéroport, ainsi qu’un bon réseau téléphonique (63 000 lignes). Comme Jiujiang, Shangqiu dispose d’une énorme source de matières premières exotiques, tels le bois de «tung» (?)et la peau de chèvre (!). 1500 usines dardent déjà leurs cheminées sur la ville, aux côtés de 6 mines d’anthracite. La ville n’a pas manqué de peaufiner ses règlements préférentiels provinciaux et locaux  – 43 au total : en un mot, Shangqiu « ouvre ses bras aux investisseurs nationaux et étrangers, hommes d’affaires et touristes »!

Parmi les autres projets ferroviaires nationaux, comptent, d’ici ‘2000 :