Bientôt, le 16 mai 1996, la Chine vivra le 30 ième anniversaire, fatidique, de la Révolution Culturelle, décennie de triomphe de la violence irrationnelle sur toute loi.
Sans doute à cause du choix fait après la mort de Mao, d’éviter le procès de cette triste époque, la « Wenge » continue à remuer la Chine, depuis la jeunesse (avec ce retour d’un Président Mao champion de l’honnêteté et de l‘égalitarisme), jusqu’aux hautes sphères (avec leurs perpétuels « combats des chefs », réformateurs contre gauchistes)!
C’est cette ambiance étouffante qui prévaut dans Pékin, comme ailleurs, faisant de ce printemps une saison d’incertitude et de tension.
Aujourd’hui, la Chine souffre d’une déchirure entre sa réalité économique -son ouverture chaque jour plus grande à l’Occident, à ses techniques comme à ses modes de vie-, et son discours politique ultra-conservateur.
Les administrations font ces mois-ci des heures supplémentaires, uniquement pour se conformer aux multiples campagnes : contre l’influence étrangère, contre des mauvaises tendances de la pensée de Deng Xiaoping (dont certains en haut lieu ne cherchent plus à cacher leur impatience de le voir partir), contre la perversion de la culture, la pollution ou le chômage.
Une administration du Liaoning a même été jusqu’à contacter les femmes de ses fonctionnaires, pour les associer à la lutte contre la corruption de leurs maris…
Assiégé par toutes ces logorrhées nerveuses, le petit peuple, comme d’habitude, n’est pas dupe, mais participe -pour se protéger: 30 ans plus tard et à l’aube de l’ère cybernétique, c’est la Révolution Culturelle qui continue, avec un mécanisme inaltéré!
Sommaire N° 19