La visite de M. Li Peng en France a été émaillée d’un incident « à torts partagés » : par sa « chaise vide », deux heures durant, au banquet prévu en son honneur.
Le Premier Ministre chinois a mis son homologue Alain Juppé dans une situation délicate, en le forçant à renoncer à un « toast » qui devait aborder la situation des droits de l’homme en Chine : incident aggravé par le fait que Jacques Chirac, le lendemain, ait « pu » lui remettre une liste de prisonniers d’opinion. « La différence », a expliqué Li Peng, étant « la discrétion » et le fait d’agir « en privé ».
Li Peng a donc pu distribuer des points (bons, ou mauvais) à ses hôtes, et les diviser. Par contre, m. Juppé, dans une apparente méconnaissance de la sensibilité asiatique pour les choses protocolaires, avait inscrit à son agenda, pour le lendemain de la première visite d’un Premier Ministre chinois en douze ans, un voyage en Guyane française… Choix, qui pouvait faire ressentir que pour l’hôtel Matignon, la Chine comptait autant qu’un département d’outre-mer… Le geste cavalier de Li Peng pouvait donc passer pour un « prêté pour un rendu » !
A ce détail près, la mission du Premier Ministre chinois devrait passer, d’un point de vue chinois, pour un « sans faute » Le but premier de ce déplacement était d’ordre intérieur. Il s’agissait de convaincre les pairs de Li Peng (et non l’opinion française) de la capacité du Premier Ministre à défendre l’image de la Chine, jusque dans le pays qui était hier son plus farouche critique. Cela a été fait, et Li Peng, dont le mandat expire l’an prochain, garde ses chances pour une autre position au sommet -celle de Président de la République, par exemple!
Mais le succès n’est pas que pour la Chine : Les contrats signés, d’une valeur total de 11 milliards de francs, sanctionnent une percée depuis longtemps attendue pour l’aéronautique européenne, et lui ouvrent la perspective de construire, avec la Chine et d’autres pays d’Asie, l’avion de 100 place dit « Asia-express ».. C’est une position dominante des USA qui est remise en cause -aux groupes industriels européens, à présent, d’exploiter la brèche!
Sommaire N° 16