Editorial : Taiwan – Lee Teng Hui élu président, et après ?

Le succès immense (54.6% des voix) du Président Lee Teng Hui aux élections de samedi 23 était annoncé  l’orchestre rouge" des exercices militaires continentaux a insufflé aux taiwanais non la peur, espérée par Pékin, mais la conviction qu’il faudrait un "homme fort" pour négocier -d’égal à égal, ce dont la Chine ne veut pas.

Mais ce "plébiscite" reflète autre chose : Lee, en dépit de son âge (72ans) et de sa carrière jusqu’alors effacée, a pris les choses en main depuis peu d’années, éliminant l’une après l’autre les vieilleries du Kuo Min Tang héritage de la "Chine imaginaire" de Chiang Kai Chek : congé aux 200 "élus à vie" du Parlement "législatif yuan", remplacement des "badernes" aux postes de ministres par des hommes jeunes et compétents; imposition au pas de charge d’un calendrier électoral qui a culminé avec le scrutin de samedi .

Lee Teng Hui a aussi gagné avec une telle marge, parce qu’il su tenir tête, rappelant aux insulaires que l’agressivité chinoise résultait de tensions internes (de la surenchère nationaliste, dans un cadre de guerre de succession), et en leur suggérant, comme parade : la fermeté et la cohésion.

Par ce discours simple et mobilisateur, le Président Taiwanais a trouvé, pour un temps du moins, la "pierre philosophale" que ses prédécesseurs s’étaient infructueusement usés à chercher depuis des lustres : réunir sur une idée commune les "chinois" de Taiwan, et les "taiwanais" Min-an et Hakka.

La bonne tenue des élections ne doit pas faire oublier qu’à présent, des temps difficiles s’ouvrent pour Taiwan: aucune solution n’apparaît possible pour les négociations qui devront s’ouvrir avec Pékin, pour un statut taiwanais, puisque le status quo n’est plus possible; et le risque majeur, au plan interne, est celui d’une implosion des Partis, K.M.T. comme D.P.P. ou "Xindang" (nouveau parti), du fait de l’absence de raison d’Etat et de la réalité du pouvoir, trop souvent pratiqué hors des partis et des institutions!

 A présent, Lee Teng Hui a quatre ans pour faire une oeuvre : la réconciliation avec la Chine -ou la fondation d’une nation!

 

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