Une session ambiguë, aux signaux contradictoires : telle est l’atmosphère de ce Congrès de l’Assemblée Nationale Populaire, cru 1996.
On y trouve des signes de discipline tatillonne et autoritaire, et d’autres d’auto affirmation et de débat démocratique.
Autorité : les règlements de travail de l’assemblée, qui interdisent aux 2973 députés d’inviter les fonctionnaires pékinois ou de leur faire des cadeaux, ou vice versa (ce, afin d’éviter la corruption -par exemple, d’une province qui voudrait un canal ou une ligne de chemin de fer).
Un autre règlement interdit l’impression de tout document dans le Parlement durant la session, non préalablement visé par la censure.
Et les présidents de 4 petits partis démocratiques, soi-disant autonomes, ont fait une affligeante conférence de presse, alignés, à la «virgule près», aux thèses du Parti Communiste.
Auto affirmation: 2 des 3 lois soumises durant cette session, vont dans un sens plus libéral que celui du gouvernement: la révision de la loi martiale donne, dans un cas, droit de regard par l’A.N.P. (Assemblée Nationale Populaire); celle de la loi criminelle autorise, après arrestation, une intervention plus rapide de l’avocat de la défense, et supprime la redoutable latitude juridique, dite «shelter and investigation», permettant à la police de détenir, à sa discrétion, dans ses locaux, les prisonniers politiques pour la durée de l’enquête.
Cette ambiguïté reflétant en fin de compte, assez fidèlement les rapports de force de ce gouvernement de transition, totalitaire et sans leader, où toutes les forces coexistent contradictoirement et se neutralisent, technique de survie en attendant l’après-Deng, et que se dégage une majorité, un homme et un programme!
Sommaire N° 10