Merci à
Philippe Rochot, journaliste chevronné, chef du bureau de France 2 en Chine de 2000 à 2006, pour ce commentaire sur son blog à propos de « Tibet, dernier cri » (textes : Eric Meyer ; photographies : Laurent Zylberman) :« Encore un livre sur le Tibet ! C’est sans doute la réflexion qui a couru dans les maisons d’édition parisiennes quand Éric Meyer, correspondant en Chine depuis près de 25 ans à présente son ouvrage. « Tibet, dernier cri » a pourtant le mérite d’avoir été écrit quelques mois seulement après les émeutes de mars 2008. L’auteur explique ces hésitations par une gêne des éditeurs, prisonniers d’une mentalité occidentale qui s’est alignée sur les thèses du Dalaï Lama avec en face une Chine autiste, incapable de communiquer sur les problèmes du pays des neiges.
Les maisons d’édition nous dit Éric Meyer, estiment qu’un livre sur le Tibet doit se ranger sur une des deux voix dominantes, « de préférence celle des exiles »…Or son récit de voyage nous fait entendre les deux voix ce qui brise les schémas habituels. Mais c’est sans doute le mérite de ce « Tibet dernier cri » sorti finalement aux éditions de l’aube après le lancement de différentes souscriptions à travers le monde (222 sponsors) et que l’on peut trouver enfin en librairie.
Tout n’est pas blanc et noir au pays des neiges. Il n’y a pas d’un côté les Tibétains et de l’autre les Hans, mais des communautés au destin étroitement mêle’. Éric Meyer nous fait ainsi rencontrer des personnages comme Yi Yuanfei, patron de l’eau au Tibet. Son père est Han, chinois donc et sa mère est Tibétaine. Il parle mandarin dans le travail et tibétain le soir avec ses amis d’enfance. Il pourrait symboliser le dialogue entre les deux cultures et entre les deux peuples.
Ce voyage à travers le Tibet se déroule sous la haute surveillance du représentant du ministère chinois des affaires étrangères, mais l’auteur connait suffisamment la Chine pour ne pas prendre au premier degré les chiffres livrés par les représentants du parti. Ainsi, l’état chinois aurait dépensé en cinq ans 12 milliards d’euros pour équiper le toit du monde mais le revenu du paysan tibétain reste inférieur de deux fois à la moyenne nationale. Comment croire aussi les chiffres officiels qui annoncent d’emblée que le taux d’alphabétisation au Tibet atteint 95% de la population. Mais quand un officiel reconnaît que les émeutes de mars 2008 ont fait baisser le tourisme de 70%, on peut facilement le croire.
Le récit d’Eric Meyer est bien documenté et donne du Tibet une vision réelle, objective, dépassionnée. Même après une centaine d’immolations de Tibetains par le feu ces deux dernières années, ce « Tibet dernier cri » reste d’une forte actualité. La sobriété des photos en noir et blanc de Laurent Zylberman jalonne le récit de ces voyageurs qui n’auront finalement passé qu’une quinzaine de jours au pays des neiges. Mais tout éclairage et tout regard sur ce Tibet interdit reste aujourd’hui plus que jamais précieux. «
Philippe Rochot
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Retrouvez également l’interview d’Eric Meyer par Chine Hebdo – BFM.
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