Voici Pâques, en chinois 复活节 (fuhuojie), la « fête du retour à la vie » – toute bonne traduction qui nous donne le sens le plus exact de cette fête chrétienne – la résurrection. De vendredi à dimanche, Pékin est sous sa cloche de ouate chaude et grise, réverbérante. Pas vraiment un temps de Paques. Et c’est moins le reflet du dernier soupir du Christ, puis de son retour à la vie, que le souffle pestilentiel des usines et des voitures, coût du progrès.
Je suis allé ce matin en famille à la cathédrale du Sud, ce monument de Matteo Ricci et des Jésuites, sans grande valeur architecturale, mais chargé d’histoire.
Sans grande surprise pour un dimanche de Pâques, j’ai trouvé le sanctuaire très plein, salle comble de Chinois et d’étrangers mêlés, au point que des gens écoutaient la messe depuis le parvis.
Ce qui m’a davantage frappé, est l’éducation et la tenue des fidèles, tous bien habillés et se tenant correctement. J’ai le souvenir, 20 ans plus tôt au même endroit, d’une foule de paysans chrétiens mais sans manière, mal vêtus et exhalant leurs odeurs corporelles, crachotant et tentant vaguement de chantonner des hymnes ou répons en latin. LEs choses ne sont peut être pas comparables, car le service que je suivais alors était en mandarin tandis que celui de ce matin était en anglais, destiné à des publics différents.
Mais cette fois ci, finis, les crachotis, les incertitudes dans la musique comme dans les relents. Cette population semblait bien plus jeune et motivée aussi. La foi n’était pas héritée, mais choisie et conquise.
Quant à la chorale, regardez et écoutez un peu, et la ferveur, et la qualité du son, la technique : elle est tout simplement parfaite, accompagnée de son quartet à cordes. Témoignage vivant des progrès qu’enregistrent les religions en Chine. La catholique, mais aussi (et comment! ) la protestante, la bouddhiste et l’islamiste : montée en puissance qui exprime un besoin de renouveau, d’alternative, d’époque nouvelle de sens à la vie. La Chine ne renie pas le socialisme – qui lui apporte quand même, bon an mal an, puissance, reconnaissance mondiale et prospérité. Mais elle renie sa prétention à se poser en panacée ou solution universelle à tout problème, et son refus obtus de démocratie.
Ci joint un petit bout de film qui vous présente tour à tour l’église, vue depuis l’étage des musiciens, le quatuor et la chorale –
pâques en musique from leventdelachine on Vimeo.
Jeudi soir, nous avions entamé le week end pascal d’une autre manière, par un concert du festival « Croisements », trois mois et cent activités scéniques françaises à travers différentes villes de Chine.
Depuis des dizaines d’années, la France, avec la Russie peut-être, est un des seuls pays à mener une action artistique systématique (concerts, ballets, cinéma, expositions) en ce pays.
Or, les Chinois adorent. C’est un de ses meilleurs succès, sa carte de visite.
Tandis que Brigitte s’en allait voir « Paris », le film d’Eric Klapisch, en présence de 1400 invités du beau linge expatrié, et en présence de son actrice principale Juliette Binoche, je me trouvais au « Yugong Yishan » (« comment Yugong déplaça la montagne »), la boite à la mode, pour entendre Fethi Tabet, le surdoué de musique algérienne. Nous étions bien 500 dans cet espace minuscule – on n’avait pas froid. En avant programme, se produisait le groupe Panjir, orchestre improvisé, tout a fait « croisement », selon l’esprit du festival : Français, et Ouighours –les Ouighours, turkmènes du Xinjiang résidaient à Pékin, et se donnent en ville tous les soirs dans les restaurants à brochettes.
Et bien, çà marchait bien, très bien même. Mais écoutez, plutôt !
Trois minutes de Panjir, version Franco-ouighoure au Yugong Yishan, le 9 avril au soir.
Fethi Tabet rencontre Panjir from leventdelachine on Vimeo.
et la belle Juliette Binoche à la projection de « Paris » avec Eric Klapisch (gauche), Romain Duris (droite)
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Thierry
14 avril 2009 à 20:55Ha! Pâques!!!
Moi, pour Pâques j’ai été manger de bons Chocolats littéraires aux Comptoirs de France. Marianne nous présentait sa nouvelle collection de chocolats blancs, noirs, au lait… « Au bonheur des dames », « A la recherche du temps perdu », « Glissements progressifs du plaisir« , … et leurs traductions en Chinois.
Petit lien: http://www.faguowenhua.com/zh-hans/content/à-la-recherche-du-temps-perdu