Suivant une tradition vieille d’un siècle, la grande majorité des étrangers résidents à Pékin, élisent domicile dans Chaoyang, au Nord-Est, la zone la plus riche et celle des affaires, de la modernité et du raffinement. Se sont développés dernièrement, à vitesse hallucinante, Haidian et Zhongguancun, territoires au Nord-Ouest abritant la recherche, les universités et l’univers de l’électronique.
Profitant d’un passage au Green Olympique, et retrouver la nostalgie des jours passés, nous prenons le chemin des Collines parfumées, en route vers ce contrefort des chaînes mongoles, barrant net la progression de la capitale sur son flanc Ouest.
Jusqu’à la moitié des années ’90, nous nous y rendions souvent, et retrouvions toujours avec affection ses merveilleux paysages cachés derrière ses crêtes, ses centaines de parcs, de monastères et de villas séculaires, appanage immémorial du clergé et de l’aristocratie, y-compris la noblesse rouge moderne – Zhu Rongji, l’ex premier ministre, et tous les autres y ont leur pied à terre. La plupart de ses routes et espaces sont d’accès restreint ou interdit, fief de l’armée.
En route vers les Collines Parfumées, loin de la ville, ses bruits, ses voitures et sa pollution
Au fil des ans, nous en perdîmes l’habitude, à mesure que progressait la pollution, faisant disparaître ces montagnes de notre horizon et de notre conscience, tandis que l’explosion du trafic décourageait toute velléité de sorties, autres qu’indispensables ou soigneusement préparées.
Mais à présent avec les JO, pour deux mois, la circulation automobile est coupée en trois -un million de véhicules sur 3,3 est retiré des routes par le jeu de l’alternance des plaques, pair et impair.
La scène se passe en fin d’après midi. Le temps est engageant et extraordinaire, de clarté et de pureté de l’air – je n’ai plus vu cela depuis un an peut-être. A l’évidence, les mesures prises, s’allient à la chance de la météo pour concocter un temps magnifique.
Nous empruntons d’abord une autoroute neuve, de qualité irréprochable – belle carte de visite de la Chine nouvelle, direction Yiheyuan (Palais d’été) et Yuan Ming Yuan (l’ancien Palais d’été construit par les Jésuites et un empereur francophile, stupidement mis à sac par la soldatesque franco-britannique en 1866).
« Il est des lieux où souffle l’esprit » (Maurice Barrès)
Et voici les Collines, la route en lacets, parsemée de villages à peine modernisés, qui renferment toute une faune – dommage de ne pouvoir s’arrêter, faute de temps. Ici, un asile de repos pour « vieux camarades » qui trottinent proprement, ou exercent leurs corps à un parc de body building. Là, une école de wushu (kungfu) avec le maître et ses jeunes en kimonos bariolés, crânes rasés, selon les règles de l’ordre de Tiantai. Pour ceux qui voudraient nous suivre à la trace, nous laissons la voiture au parking de la porte nord, après dix minutes de périple suivant la courbe de niveau vers la droite.
Dans le parc, les étangs et jardins sont tenus dans un état irréprochable, avec une variété d’essences et un soin de jardiniers et botanistes, très supérieur à ce que nous connaissions 15 ans avant – c’était une époque de convalescence post-maoïste, post-Révo-Cul, où nos amis Chinois avaient peu de moyens, mais savaient exactement ce qu’ils voulaient faire : à présent, ils l’ont fait.
Les Collines Parfumées : un havre de paix, à quelques heures de Pékin
Les gens déambulent lentement autour des plans d’eau, dans les allées, parfois en tenues rappelant des ordres bouddhistes. Le marxisme ici, a entièrement disparu. Nous trouvons une guinguette « forestière »‘ (ainsi s’appelle t’elle) à flanc de montagne. On nous sert le thé et la bière fraîche. Nous sommes bien sûr les seuls étrangers. Tandis qu’on nous apporte nos plats aux prix très démocratiques (des raviolis au poisson, aux crevettes, et à un mélange traditionnel de verdure et d’oeuf, un hot pot de tofou, champignons et boulettes diverses), nous détaillons nos voisins du coin de l’oeil. Les visages sont différents, non stressés, souriants et qui prennent le temps de vivre : Pékin est loin. Ici, le havre de grâce qui rend le temps de vivre, un indicible sens de la vie.
Privilège de classe!
Ca y est, cette fois, le moment est venu, je suis obligé de passer par cette confession – pas moyen d’y couper ! Pour les besoins de la maison qui m’emploie durant ces Jeux, le badge d’accréditation du CIO m’a été octroyé et, en prime, les immenses badges rouge et vert conférant à mon véhicule le titre impérieux de véhicule olymplique – imparti du privilège exorbitant de pouvoir circuler chaque jour, et sur la bande de gauche, au marquage des 5 anneaux olympiques. De cet avantage, nous constatons le bénéfice, lors du retour : sur le périphérique, le trafic des deux bandes de droite est à l’arrêt, tandis que nous roulons à 60km/h, parfois ralentis par un requilleur honteux roulant quelques centaines de mètres avant d’essayer de forcer le passage dans la file légale ou de se faire attraper par la volante en maraude.
Balade de deux minutes sur la piste olympique d’un des nombreux rings de Beijing
Puis à l’approche du village olympique, désigné de loin par la tour au toit en forme de flamme olympique et aux quatre écrans géants de TV, un petit groupe de piétons, vélos, surgit et nous coupe la route. Puis trois. Puis cent. Bientôt des milliers de gens enjambent la rembarde centrale, tandis que chauffent au loin des lueurs de braise de feux d’artifice. Un policier nous arrête 20 minutes, et ce n’est qu’au redémarrage que nous comprenons pourquoi : dans le stade olympique « Nid d’oiseau« , a lieu une répétition générale de la cérémonie d’ouverture. 90.000 invités y ont pris place. Tout autour, tout Pékin, s’est rassemblé en rangs d’oignon sur les artères et les rampes des échangeurs autoroutiers, les terre-pleins de gazon. Les masses laborieuses prennent l’air, rompent la monotonie de leur vie, vibrent de fierté légitime d’en être, mais hors de l’anneau de béton sacré. Un peu comme les grognards de Napoléon, sous les pyramides, voyaient « 40 siècles les contempler ». Fiers comme artaban, et qui aspirent, avec les salves de feux d’artifice, les miettes du gâteau qui veulent bien retomber, charriées par le vent !
Les Chinois adorent les infrastructures Olympiques et n’hésitent pas à prendre de nombreux risques pour les voir de plus près
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