Mon entrée au blog, cette semaine, sera brève, mais j’espère, intense. Imaginez-vous un vendredi à 19 :30, dans une métropole chinoise, une mère, en rendez-vous sur skype avec sa fille en Amérique latine, s’inquiète de ne pas la voir  en ligne. Elle l’appelle donc, et la trouve – à 9h30 du matin, de l’autre côté aux antipodes à 18.000 kilomètres de distance.
Cela tombe miraculeusement. Car par ce contact, elle permet à sa fille de constater qu’une amie cherche désespérément à la joindre, depuis la France (11.000km), par multiples appels sans réponse : « allo, allo, réponds-moi, c’est ton tour maintenant de donner ton choix ».

L’appel de France, se fait depuis le grand amphi d’une université. Là, quelques douzaines de jeunes se répartissent, en fonction de leurs moyennes de notes de l’année précédente, des postes d’études en échange universitaire sur les cinq continents. Pour certains, il s’agit d’un premier départ, pour une année. Pour d’autres, d’un second départ, cette fois limité à un semestre. Les places les plus convoitées :USA, Canada, Australie,  Hong  Kong, Chine, Taiwan, Amérique Latine etc., partent en premier, raflées par les forts en thème et les plus brillants. D’autres peuvent quand même choisir une destination de leurs rêves (ils ont dû, en préparation de cette journée décisive, déposer leur vote d’une liste de huit destinations). En bas de la liste des heureux, bon nombre encore peuvent s’estimer heureux de partir tout court, pour Almaty, l’Estonie, Thessalonique ou Hyderabad. Et puis derrière encore, d’autres ont leurs yeux pour pleurer, ou la philosophie pour avaler, se promettant de travailler plus dur pour l’an prochain, à leur tour…

Dès lors donc, dans les échanges par internet et par SMS qui font l’objet de cette chronique, la jeune fille d’Amérique Latine vote. En une seconde, le choix arrive sur l’écran du téléphone mobile de l’amie, dans l’amphithéâtre français (11.000km), laquelle transmet le choix aux organisateurs, lequel est enregistré dans le système, définitif, gagné, irrévocable, puis communique la décision positive à 11.000km de là. Dans l’amphithéâtre, de nombreux candidats, dans des situations similaires, s’activent sur leurs ordinateurs portables ou leurs smartphones, vibrant de dizaines de communications simultanées, avec tous les coins de la planète. 

Pour conclure, la demoiselle latino appelle dans la métropole du Céleste Empire son père sur son portable (par skype en ligne sur internet, 18000km), lui communique la réussite du projet – elle vient d’obtenir, pour le premier semestre de 2013, un stage à Taiwan (20.000km), puis rappelle sa mère, ailleurs dans la même ville (18000km), afin d’envisager avec elle le cahier de charges technique de cette prochaine expatriation.  En cinq minutes, sa destiné change, et sa carrière future aussi peut-être. 

Quant au prix de tous ces échanges, je vous donne la réponse d’emblée : une poignée de SMS au départ, à un dixième d’euro, tous les tchat et appels par skype gratuits, et enfin un ou deux appels sur portables par skype à quelques centines, pour un coût total ne dépassant pas une unité de la monnaie européenne. Tout ce réseau de communications nouvelles était inconnu de nous 10 ans en arrière. Et quand nous sommes arrivés en Chine, fin des années ’80, au prix de la communication de l’époque, nous n’appelions jamais personne, sous aucun prétexte : il en coûtait « 40 FEC », la minute, environ 4€ d’aujourd’hui,  mais au pouvoir d’achat de l’époque, cela pouvait faire le quintuple ou décuple…  Les temps ont changé. Nous sommes à l’ère digitale, au moins sur un pied – et nos enfants, à deux pieds joints !

Comme photos, voici nos dernières captures tout droit sorties de la dernière expositon de Ai Weiwei au Pace Gallery à 798 – Dashanzi à Pékin

La Carte de Chine en bois massif

Un tonne de « guazi » graines de tournesol

Tableau récapitulatif de plus de 6000 enfants morts lors du tremblement de terre au Sichuan de mai 2008