Bonjour à tous,
Me voilà de retour après bon nombre de mois d’absence.
Je nourris avec vous, mes lecteurs, un lien d’intimité, de besoin de vous parler, de vous entendre à travers vos réactions, et jusque à travers vos silences. Si j’ai brisé durant si longtemps ce flux d’échange, c’est contraint et forcé par tant de travail.
Il y a eu l’actualité du changement décennal d’équipe politique : le XVIII. Congrès et le plenum de l’Assemblée nationale populaire, qui vient de s’achever. Il y a eu la sortie de « 100 drôles d’oiseaux de la forêt chinoise » l’été dernier (éditions de l’Aube), qui a malgré tout supposé un certain travail de réécriture (il s’agissait de chroniques du petit peuple chinois, tirées des éditions hebdomadaires du Vent de la Chine).
Il y a eu ensuite la rédaction d’une étude politique en français et en anglais, 65 pages sur » Xi Jinping, la nouvelle ère « , qui faisait le bilan de l’équipe précédente (celle de Hu Jintao) et esquissait des profils des 25 membres du nouveau Bureau politique » – y compris ceux des 7 maîtres du pays, au sein du Comité Permanent.
Et puis a suivi la sortie du dernier livre, « Tibet Dernier cri » (également chez l’Aube) : là aussi, réécriture, correction des épreuves, et comme ce livre paraissait simultanément en espagnol (Tibet, ultimo grito, éditions Icaria, Barcelone, déjà sorti) et en anglais (« Tibet, the last cry« , editions Blacksmith, sortie espérée d’ici l’été), j’ai aussi été amené à surveiller les épreuves, avec pour résultat environ un mois de travail à mi-temps pour coodonner les 3 textes.
Pour couronner le tout, depuis septembre, j’étais chargé de diriger le projet de guide touristique « Pékin Cityguide » des Editions Louis Vuitton : constituer une équipe de 10 auteurs, leur attribuer leur catégorie, les former à la charte éditoriale de la collection, vérifier leur adéquation (incertaine), le tout pour rédiger en 4 mois 600 entrées sur les hôtels, restaurants, boutiques, parcs, monuments … J’ai moi-même rédigé 25% du guide, sur les aspects généralistes, comme de définir les quartiers, les canons de la politesse ou de l’impolitesse en Chine, le portrait de notre égérie (une blogeuse, journaliste de mode, du nom de Hung Huang), son portrait ainsi que cela qu’elle dresse de la ville de Pékin… Ce fut un rude travail et une tâche exaltante, notamment du fait des différences de personnalités entre tous ces gens, que je devais piloter sans diriger, et commander sans brusquer : quel défi ! Brigitte m’a énormément aidé, a repris en main des pans entiers de la tâche, que je n’aurais pas pu mener à bien seul.
Ajoutez à cela quelques conférences, y compris en anglais, mes articles réguliers à mes journaux (DNA, Ouest France, Sud Ouest) et radios (RTBF, Radio Canada) ainsi que la rédaction réellement très prenante du Vent de la Chine, sept articles par semaine : pas besoin d’en dire plus, vous aurez compris, « voilà pourquoi votre fille est muette ! »
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Deux ou trois brèves impressions sur le décor physique et mental autour de nous : nous ne choisissons pas la scène de notre vie, mais elle nous forme et influe sur nous.
Depuis l’automne dernier, l’air très gris, la multiplication des particules dans le ciel et le cubage de ce mélange d’ozone, d’oxygène et de CO2 qui nous fait vivre, attaque nos santés à tous, nous qui vivons en Chine (surtout dans les villes, surtout à Pékin). Il colore en rouge sombre les papilles de nos poumons, et nous fait sentir la chaleur de la résistance à cette agression, ce monstre de mort lente. Le changement de degré dans la pollution est très rapide. Ce matin par exemple, il faisait très propre comparativement, indice 60 (particules de 2,5 microns par mètre cube) alors que le plafond recommandé par l’OMS est de 25. Je suis donc allé à bicyclette à la (nouvelle) Ambassade de France pour un petit déjeuner de presse : le temps que je rentre, le taux était passé à 120, deux heures après. Et zut, j’avais oublié mon masque (genre polystyrène jetable, doté de deux valves latérales, acheté à l’époque du Sras en 2003!)… Hier, ma voisine du dessous, sino-américaine, sortait avec ses trois petits enfants dans le brouillard et se désespérait. Il fallait quand même qu’elle les sorte – ils n’étaient plus tenables. Mais dans leurs petites cages thoraciques, ils allaient s’en tapisser une couche…
Avant de m’éclipser, je vous donne encore la dernière blague chinoise qui circule dans ce pays, après le repêchage dans la Huangpu, la rivière de Shanghai, de milliers de carcasses porcines (au cours de ce matin, on en est à 13 500 verrats), sans qu’aucune explication officielle ne soit avancée, mise à part l’assurance mille fois répétée que tout est sous contrôle et que l’eau du robinet est encore plus propre que d’habitude. Les Chinois, qui sont nos frères en humour, préfèrent en rire plutôt qu’en pleurer. Voici donc la boutade :
Un Pékinois rencontre un Shanghaïen, son vieux rival, et lui dit pour se vanter : « chez moi, figure-toi, c’est génial, c’est simplement le paradis, toujours de mieux en mieux. Maintenant, grâce à la sage administration de la mairie, quand je veux fumer, je n’ai qu’à ouvrir ma fenêtre, et c’est gratuit ».
Le Shanghaïen lui répond : « mais ça, c’est rien du tout, nous, on fait bien mieux que vous. Grâce à la sage administration de la mairie, chez nous, on n’a plus qu’à tourner le robinet et on a la soupe au cochon gratis »!
Bon, je vois que pour aujourd’hui, j’ai un peu versé dans l’humour noir – mais que faire de mieux, alors que l’air, dehors, en est déjà à 200, et que dans le nouveau gouvernement en place depuis hier, le ministre de l’Environnement depuis cinq ans (celui qui, début mars, refusait de communiquer les résultats d’une enquête de pollution des sols, sous prétexte qu’il s’agissait d’un « secret d’Etat ») a été reconduit ? Mais que voulez-vous ! Sous Hu Jintao il y a un mois, on vivait sous l’impératif de « société harmonieuse » (quand on avait attrapé un PV, on disait qu’on s’était fait « harmoniser ») : aujourd’hui, sous Xi Jinping, on a fait un grand bond en avant, on est entré dans le « rêve de Chine », avec, sous réserve d’inventaire, à peu près aucune chance de réforme de substance, dans la règle du jeu actuel qui concentre tous les pouvoirs économiques et politiques entre les mains d’une toute petite classe d’héritiers des grandes familles révolutionnaires. Autrement dit, je crois bien résumer l’opinion des Chinois moyens, par cette formule éculée mais correcte : plus ça change, et plus c’est la même chose !
Amitiés à tous, et à la prochaine, et je vous demande à tous l’explication de ce proverbe chinois, 爱屋及乌, ai wu ji wu, littéralement, « si tu aimes ma maison, aime aussi mes corbeaux » : le dernier numéro du Vent de la Chine, aux trois premières bonnes réponses !!!!
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