Blog : En réaction aux commentaires

C’est Bizance, la corne d’abondance, le paradis ou presque !

Cinq, six commentaires, tous plein d’esprit et de gentillesse, sur mes derniers blogs…Merci en particulier à Elvira, Michel, Annie Nicolas et à Dai Anli.

« Tant crie-t-on Noël qu’il vient« , chantait François Villon. Autant pour les savantes références. Donc à Michel Mullière, qui me demande, qui a dit « l’humour, c’est la politesse du désespoir » – une phrase qui m’accompagne depuis des années par son élégance et sa capacité thérapeutique à  nous arracher aux sentiments moroses : c’est Boris Vian, en 1958. Je le sais grâce à mon bon ami Google, fort utile en telles urgences de manque de savoir rapide. 

Michel citait encore l’anecdote de la délégation d’ingénieurs et commerciaux Chinois de 1960, visitant le Creusot en faisant miroiter une commande mirifique de locomotives, avant de repartir avec 3 unités, juste assez pour le démontage et la multiplication comme les petits pains de Jésus Christ. 

Oui, c’est vrai, à l’époque, pour la Chine, c’était le Moyen-âge de la révolution. Mais ensuite sous Deng Xiao Ping, elle a choisi de nourrir ses filières stratégiques (avec une ambition comparable à celle de De Gaulle, mais avec des méthodes infiniment moins recommandables), en pillant systématiquement les technologies étrangères par le biais décrit. Je pense notamment à l’aéronautique, au ferroviaire, au nucléaire et à l’automobile. 

Il y a eu des exceptions toutefois : dans les années ’90, la Chine a acheté 150 double locomotives diesel Alstom (Alsthom à l’époque) pour le transport du charbon sur la ligne Datong-Pékin. Elles roulent encore. On les vois passer sur les viaducs, quand nous roulons vers les montagnes et vallées vers les Pagodes d’argent, au Nord de Pékin.

Mais sur ce dossier, je crois que la partie n’est pas jouée. on s’approche seulement de la 2ème mi-temps. 

Sur toutes ces filières stratégiques, la Chine a bien fait le plein de ces technologies, non sans talent comme en témoigne le cas du TGV, ayant intégré en 10 ans l’essentiel du savoir-faire mondial, pour se doter et de loin, du plus grand réseau de chemin de fer ultrarapide de la planète. Elle l’a fait, fièrement et férocement, sans jamais renvoyer l’ascenseur à ceux qu’elle dépossédait de 50 à 100 ans de recherche.

Mais elle est arrivée à un palier, où elle ne peut plus avancer. 

En nucléaire, elle sait à peu près reproduire les centrales de 2de génération, mais avec bien des risques et sans garantie – son arrêt complet du programme après Fukushima est là pour nous le dire. 

En TGV, après l’accident de Wenzhou de l’été dernier (40 morts), elle a bloqué 9 projets sur 10 et perdu provisoirement, outre des dizaines de milliards de dollars engloutis dans ce tonneau des Danaïdes, tout crédit à l’étranger – ce n’est pas demain la veille qu’elle signera un contrat d’équipement en Arabie Saoudite, en Californie ou au Brésil.

En aéronautique, il me revient que ses projet ARJ21 et C919 prennent des années de retard, ne parviennent pas à atteindre le stade de la certification… je pourrais multiplier les exemples dans bien d’autres domaines.

Ce que tout cela veut dire : rattraper les autres, oui, la Chine peut le faire dans les grandes lignes, et c’est déjà un exploit. Mais prendre aux partenaires le marché mondial, sans partager avec eux, c’est impossible. On peut créer tous les métros de Chine sans l’étranger, après avoir invité ce dernier en Chine à faire tapisserie durant 20 ans. Mais pour faire tourner ces équipements de manière rentable, confortable et sécuritaire , c’est une autre paire de manche : on n’a pas trop de tous être ensemble. Ce sera cela, la seconde mi-temps. 

A noter que tout le monde le savait, mais que personne ne le disait. L’heure des comptes arrive. Non, l’heure des comptes « revanche », mais celle des retrouvailles, où une Chine un peu autiste par tradition autoritaire, autant que par différence si grande entre son système mental et le nôtre, va devoir s’asseoir avec les autres, pour travailler ensemble. Ce ne sera pas simple, ni sans risque, mais il faudra bien le faire, une fois tous les autres moyens épuisés. 

Amitiés à tous – à très bientôt !

(Répondez, et poursuivons le dialogue !)

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