Petit Peuple : Baihe, Mr Dafu, divorcé sans le savoir !

Comment convoler quand on est démuni au point de ne pouvoir payer les fifres de la fête?

La Chine a bien ses solutions, mais peu fiables ! A Baihe (Guangxi) en 1993, Dafu et sa soeur Lizhu, orphelins, vivaient d’un mou desséché de riz et fèves, d’une truie et quelques canards. Quoique pas le plus bel homme, Dafu convainquit Haiping, de Mashan, de l’épouser -ou plutôt, Lizhu arrangea le double mariage, en convolant avec Chenzhe, le frère de Haiping. Deux mariages gratuits, sans dot ! Ce fut donc le tope-là!, sitôt dit, sitôt unis. Mais 3 jours après, Haiping disparut! Pour Dafu, c’était l’enfer  : vu  les préjugés de la campagne, il perdait toute chance d’autres épousailles!

Or voilà qu’en mars 2006, Haiping ré émergea. A peine mariée, expliqua-t-elle, elle avait été traînée au bureau des mariages par des parents hostiles à l’union. Au mépris de toute loi mais pour un gros cachet, ils avaient obtenu un divorce in absentia, puis avaient recasé Haiping avec un gars riche. Elle  revenait à présent pour régulariser une rupture décidément trop dilettante avec la loi…

D’abord effondré de l’horrible révélation, Dafu à présent âgé de 40 ans, voulut porter plainte. Puis il se rendit à la raison: un procès le ruinerait sans lui rendre sa belle : mieux valait faire son deuil, transiger… Devant le juge, Dafu et son éphémère moitié s’épiaient ébahis,面面相觑 (mian mian xiang qu), incapables de se reconnaître…

A la mode de ce pays, un compromis boiteux fut dégagé: de la volage, Dafu reçut 1600¥, prix de 16 ans d’espoirs de bonheur piétinés. Fin peu morale, mais en vie réelle, le happy-end ne gagne pas toujours!

Détail intéressant, Nanguo Metro, le journal local, édita cette saga sous forme tronquée, cachant la corruption du Bureau des mariages. Puis il confia la vraie histoire à China Daily, qui la publia sans fard 3000km plus loin, à l’abri d’une administration toujours prête à punir de quiconque révèle ses turpitudes.

Par un tel artifice, la presse chinoise, à 100% propriété publique et sous contrôle, parvient à concilier sa propre sécurité, et son combat pour la vérité !

 

 

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