Avec le pire rendement au monde depuis 2001, ayant perdu 12% en valeur rien qu’en 2004, les bourses de Shanghai et Shenzhen avaient été mises à la diète en mai 2005, priées de privatiser 30% de leurs parts publiques, jusqu’alors incessibles (200MM$). Entretemps, toute cotation de valeur nouvelle était interdite.
Onze mois après (18/4), 60% des 1460 firmes cotées ont obtempéré. Le succès est net : malgré les craintes, la bourse ne s’est pas effondrée. Les actionnaires ont été consultés et dédommagés. Des étrangers ont pu entrer au capital d’Entreprises d’Etat, tel Danone le 14/4, qui prend 10% (passant à 20%) du laitier shanghaien Bright, pour 36M². Et le 18/4, la cotation de valeurs nouvelles est rouverte, signe de confiance de la tutelle CSRC – la commission de régulation boursière!
En même temps, une série d’assouplissements du cadre règlementaire est annoncée. Le but : encourager la distribution de dividendes, le renforcement des courtages, l’élargissement de l’éventail des produits boursiers. L’enjeu est immense : assainie après la traversée du désert, la bourse doit attirer une part plus grande des 63MM$ d’épargne en gestion, surtout parmi les 45% placés en bons à court terme. Elle devrait aussi enrayer la désaffection des fonds mutuels, comme cette JV entre Crédit Suisse et ICBC – la banque de l’industrie et du commerce- qui a perdu 51% en 3 mois, victime des prises de dividende…
Parmi les assouplissements annoncés, figurent la vente directe aux investisseurs stratégiques (étrangers) de tranches supplémentaires de valeurs existantes – avantage réservé aux 430 Entreprises d’Etat ayant achevé leur vente de parts incessibles. Une autre facilité (réservée d’abord à 5 courtages), est le feu vert aux achats hypothécaires d’actions (margin buying), et à leur vente anticipée (short selling). Une autre, la création d’une société de financement « tampon » entre banques et courtages, la China Securities Finance. De tous ces outils nouveaux, on attend dans les mois prochains un redémarrage sur les chapeaux de roues : jusqu’à 60MM², en incluant les ventes de parts ex-incessibles par les 40% de EE en retard. Sans compter pour 10MM² de titres nouveaux. Sur la capacité du marché à absorber un tel influx, les experts sont partagés. Le marché lui, a voté, par la confiance initiale : le 17/4, Shanghai remontait de 1,4% – le plus fort indice, depuis novembre 2004!
Sommaire N° 15