Les catastrophes de 2005 ne pouvaient rester sans suites : les explosions de grippe aviaire s’alternant aux accidents miniers, aux 74.000 émeutes de 2004, et aux scandales financiers, à la pollution au benzène de divers cours d’eau, évoquaient un contrôle faiblissant de l’appareil.
A faveur de l’hiver, le Président et 1er Secrétaire Hu Jintao tente une reprise en main.
Sanctions de cadres : entre autres, on note (28/12) la prison à vie pour Tian Fengshan, ex-ministre des mines et gouverneur du Heilongjiang convaincu de corruption et le limogeage (30/12) de deux vice-gouverneurs et 40 cadres, pour 5 catastrophes minières ayant causé 500 morts.
Idem, on serre la vis de la censure : Beijing news, le trop audacieux quotidien perd Yang Bin, son rédacteur en chef et deux autres cadres (27/12), punition qui déclenche la grève inouïe de 100 journalistes. C’était la 2de frappe contre un média en un mois. Par contre, peut-être en préparation d’une visite de Hu aux USA, le journaliste dissident Jiang Weiping est libéré (4/01) un an avant terme. Mais l’autoritarisme s’exprime dans la rue, par une permissivité en sourdine lors des fêtes de fin d’année – un concert spirituel, un festival gay annulés…
Ces mouvements vont de pair avec des actions de renfort tous azimuts de l’audience du Président.
Auprès du Parti, quatre gouverneurs sont nommés (24/12) dans des provinces- clé – Guizhou, Heilongjiang, Hunan, et Chongqing.
Auprès de l’armée : deux généraux fils de Zhang Zhen et de Liu Shaoqi, leaders historiques, nommés commissaires politiques.
Et auprès de la population, on annonce quelques largesses pour l’an 2006, tels ces 100M² de subventions aux céréaliers, 550M² pour les fêtes du 春节 Chunjie (nouvel an lunaire, ce 29/1); la renonciation à 10MM² de taxe rurale (totalement abolie!), et affectation de 21MM² sur 5 ans, pour l’éducation rurale…
Hu vient d’émettre un nouveau slogan, les San he 三合 (« 3 harmonies »), qui parlent de paix avec monde, Taiwan et société chinoise. De connotation confucéenne, elles rappellent les «3 représentativités» de Jiang Zemin, mais surtout les « 3 tolérances » de son ancien maître Hu Yaobang. Ce slogan constitue probablement un tournant par rapport au précédent, dit de la « modeste prospérité » 小康 (xiaokang). Sa philosophie : contenir les débordements; réformer côté éducation et sécurité sociale (cf article de tête), surtout aux paysans; mais surtout, ne pas prendre de risque en émettant de faux espoirs de démocratie !
Sommaire N° 1