— Chen Shui-bian, Président taiwanais a survécu (27/6) à la motion de censure de l’opposition (KMT + First Party) : avec 119 voix sur 221, il en a manqué 30.
Que le DPP (le parti séparatiste, le parti de Chen) boycotte le scrutin, n’a rien changé au résultat. Mais en tentant d’entraver le processus constitutionnel, il n’améliorera ni son image, ni celle de son chef Chen, en panne de charisme -contrairement à MaYing-jeou, désormais leader incontesté de cette droite d’affaires, et le dernier «homme aux mains propres», ce qu’était aussi Chen en 2000 – sic transit gloria mundi. Ma n’avait pas voulu cette motion qu’il savait ingagnable. Il l’assume pourtant, décrivant son échec comme «victoire de la corruption».
Rendez-vous désormais aux présidentielles de 2008 – à moins qu’une autre «affaire» ne vienne d’ici là secouer davantage le bateau à la dérive !
— Le projet du Conseil d’Etat était pavé de bonnes intentions. Il voulait éradiquer l’avortement sélectif qui creuse le déficit en filles (119 garçons en moyenne pour 100 filles), et dès maintenant, prive de mariage 50M de gars.
En 2005, Pékin avait déposé à l’ANP, le Parlement chinois, son amendement à la loi criminelle (tenant lieu de code pénal), qui criminaliserait l’avortement -déjà interdit- et interdirait la révélation du sexe du foetus. Mais Zhou Kunren, vice-Président de la commission législative, annonce (26/6), le rejet du texte, faute de consensus : “les femmes enceintes, dit-il, ont le droit de connaître le sexe de leur enfant”. Exercice encore atypique d’indépendance parlementaire! Mais pour l’Etat, le problème demeure: que faire d’autre, pour empêcher les paysans d’éliminer les filles?
NB : le Hebei qui compte 134 garçons pour 100 filles, vient de fermer 200 cliniques pour avortement sélectif, et d’en taxer 374 autres. Mais comme aux temps de la prohibition, la réaction est pire que la mesure: l’écographie passe en clandestinité, dans des coffres de voiture, offrant le service en quelques minutes sur le trottoir !
— Du 30/6 au 2/7 à Genève, se tient pour l’OMC – l’Organisation mondiale du commerce- le rendez vous de la dernière chance sur la levée des barrières commerciales. Sous la houlette du Secrétaire Général Pascal Lamy, ministres et cadres notaient les offres des 149 Etats de l’OMC. Les chances d’aboutir sont minces. Le Round attend surtout des pays riches qu’ils démantèlent leur forteresse agricole pour laisser entrer les produits moins chers des pays pauvres, et obtiennent en retour l’ouverture du secteur des services des pays émergents. De la Chine, aucune concession n’est attendue – elle pense «avoir déjà donné» lors de son entrée en 2002.
L’aspect intéressant, réside dans ces grands pays d‘Amérique latine (Mexique, Brésil, voire Chili) qui, tout en ayant vu la Chine devenir en 5 ans leur 2d partenaire commercial, avouent redouter plus la frappe chinoise que celle de l’Europe ou des US…
En matière textile comme d’artisanat, le Cône Sud a souffert de lourdes pertes, du fait d’une monnaie sous-évaluée -d’un pouvoir d’achat bien supérieur à son PIB nominal, arme de soutien d’une politique d’exportation agressive. Exemple de cette peur : le marché textile latino-américain aux Etats-Unis est protégé pour trois ans, par l’accord sino-US d’autolimitation sur 34 types de vêtements, signé en novembre 2005. Mais après, c’est l’inconnue.
NB : la relation avec la Chine est complexe, car le Cône Sud qui bascule à gauche, cher-che un contrepoids commercial aux US, et admire Pékin pour son succès commercial et son indépendance. Le bilan d’image pourrait donc rester positif – comme en Afrique !
— C’est un des secrets sur lesquels la censure est la plus vigilante: sur 71M de membres du PCC qui fêtait le 29/6 son 85. anniversaire, combien le quittent?
La carte du Parti est l’apanage d’élites, souvent reçue après des années d’attente. Bien des privilèges s’y rattachent (carrière, pouvoir). Son abandon devrait pénaliser qui ose sauter le pas. Pourtant, selon QSD, site internet californien, les défections en 18 mois (décembre 2004 – juin 2006) atteindraient 10% de l’effectif. 4,2M auraient aussi démissionné d’organes tels que la ligue des Pionniers ou celle de la Jeunesse.
NB : Que valent ces chiffres? Comment 20 à 30.000 défections par jour franchissent-elles la frontière par internet ? Le site n’est pas neutre, animé par des exilés soutenus par des intérêts publics ou privés américains non transparents. Mais la question est pertinente : des départs en masse signifieraient un désenchantement interne, une demande de renouveau du colosse aux pieds d’argile.
Sommaire N° 24