A la loupe : Vatican / Chine: la valse soutane / la veste Mao

Les visites de cardinaux se multiplient ces dernières années, celle de l’Américain Theodore Mac Carrick en 2003, celle du Belge Godfried Dannels en 2005. Elles étaient informelles.

Celle qui foule le sol pékinois depuis le 25/6 reste secrète – les noms  des deux émissaires du Vatican sont inconnus-, mais elle négocie officiellement la reprise des relations. Vu la prudence proverbiale des parties, venir en ces conditions, traduit une probabilité de succès. Le concordat est imminent, après 44 ans de gel !

Les derniers mois furent parsemés de signes contradictoires. A peine l’espoir donné par Rome via Hong Kong (le nouveau cardinal Mgr Joseph Zen), l’Association Patriotique Catholique (APC, la structure officielle) avait tenté de torpiller la démarche, en nommant trois évêques sans consulter la Curie. Mais cette fois, Pékin ne soutenait que mollement Liu Bainian, vice Président de l’APC, et Benoît XVI menaçait de rupture : l’affaire tournait court !

Les négociations qui viennent de reprendre, suivent une technique originale en duplex : des hauts cadres communistes, également anonymes, discutent en même temps depuis Rome, et depuis Pékin.

L’architecture du deal est connue, sinon sa teneur.

Taiwan sera sacrifiée et sa nonciature (vide depuis des années) fermée. Une ambassade apostolique ouvrira à Pékin. Benoît XVI recevra un droit limité à des lettres pastorales, lues en chaire.

L’influence directe sur les séminaires catholiques sera rétablie. Seule la nomination des évêques bloque encore : ce pouvoir devrait être partagé entre Rome et APC, par exemple par sélection des chefs de diocèse par un bord, à partir d’une liste soumise par l’autre. 

 En attendant, les persécutions demeurent, quoiqu’à rythme ralenti. De mai 2005 à mai 2006, 1958 catholiques et protestants furent arrêtés voire malmenés  par des fonctionnaires traumatisés par le retour de la religion sur leur fief. Au Henan, 11 frappes avaient  permis l’arrestation de 823 pasteurs et fidèles, 40% du bilan national. Nul doute que le dialogue qui se rouvre, le retour de la présence vaticane va réduire la liberté des cadres, de pratiquer leur arbitraire.

 

 

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