Au début, la mort de Lady Di fut ignorée par la presse. Dans ce pays où l’accident mortel fait partie du décor, on ne voyait pas trop pourquoi traiter celui de la princesse, autrement qu’en fait divers! Et puis, comment expliquer au peuple cette sulfureuse saga d’amour libre, de fortunes colossales et d’aristocrates?
72 h après, le Quotidien du Peuple donnait l’interprétation politiquement juste: Lady Di n’était qu’une «femme sans défense, livrée à la meute ivre de profits de la presse occidentale»!
Coup de génie, non par l’idéologie (qui fait bailler tout le monde), mais au second degré, par le feu vert donné à la presse pour s’emparer du sujet: 15 jours plus tard, pas moins de 3 hebdos féministes publient en «Une» le portrait de la célèbre disparue, et abreuvent à longueur d’épisodes, la soif inextinguible de millions de lectrices chinoises sur sa destinée tragique et romantique.
Ce que cette histoire frivole a à faire dans une newsletter économique? Elle démonte avec clarté le cheminement (les étapes mentales) des concepteurs, censeurs et opérateurs, face à l’apparition d’un produit, d’une idée ou d’un service non made in China:
1. l’incompréhension,
2. le silence en attendant l’approbation des autorités,
3. (si celle-ci a eu lieu), un temps de latence et
4. la ruée de tous pour se l’approprier!
Sommaire N° 33