Editorial : Economie chinoise – fièvre d’adolescence

Dans son jeune squelette et ses muscles poussés trop vite, l’économie chinoise donne cet automne plusieurs signes d’une fièvre de croissance:

[1] Hausses de prix: depuis que Jiang Zemin, cet été, a dénoncé, c’était nouveau! Les profits honteux de l’Armée populaire de Libération (APL) (son industrie hors taxes et de contrefaçon, sa contrebande), les douanes ont serré la vis sur les pièces importées, engendrant des hausses de 30% dans l’informa- tique. Jouent aussi, le frein temporaire aux transports par fer, du Sud vers le Nord (suite aux crues), et surtout les ententes sur les prix, encouragées par la State Economic and Trade Commission  (Comm.d’Etat à l’Eco et au commerce) SETC: "discipline de prix", "prix indicatifs" dans l’auto, la TV, le verre plat, les (tieniu) tracteurs.

Certes, ces secteurs ont beaucoup perdu dans la guerre des prix (240MUSD de pertes dans les tracteurs, 144 dans les matériaux de construction, etc….), et on comprend le choix de Zhu Rongji, de stopper avant tout l’hémorragie financière. Mais entente signifie aussi cartel, et en l’absence de loi d’accompagnement, la presse dénonce (signe d’une polémique interne) l’imposition par les cartels, de taxes salées à des firmes, pour le seul crime d’avoir vendu avec profit, mais moins cher que les prix du "club".

Politique agréable à court terme, mais qui tue tout attrait à la quête de la compétitivité (contredisant la stratégie de "réforme dégraissage" des Entreprises d’Etat., initiée par le même Zhu), et dont le coût se paiera après l’entrée à l’OMC.

Ce qui explique, au passage, l’angoisse croissante de la Commission Européenne (Sir Leon Brittan), face à l’absence de date fixée pour le prochain round de négociations multilatérales :"Y a-t-il au sommet, à Pékin, une volonté politique suffisante pour poursuivre à toute vapeur? Rien n’apparaît moins sûr"!

[2] Spéculation sur le RMB : à la veille du long week-end de la fête nationale et du  (zhongjiu, fête de mi-automne), toutes les grandes Entreprises d’Etat se sont vu imposer par l’Administration d’Etat des devises étrangères (contrôle des changes) (SAFE) de rapatrier leurs avoirs à l’étranger.

Justifiés par la garantie des exports et les achats de matières premières, ces privilèges constituent aussi de très substantiels paradis fiscaux et grandes murailles contre une dévaluation du RMB. Dans le même temps, au moins un groupe géant, Baoshan (Shanghai) voyait ses comptes bancaires bloqués vendredi 2. Et lundi 5, à la réouverture des guichets, la Banque Populaire de Chine (BPdC) se sentait obligée de réitérer sa promesse adamantine de ne pas dévaluer.

Tout ceci suggérant que les Grandes Entreprises d’Etat (GEE) ne partagent pas la foi officielle dans la stabilité du Yuan, ni dans la réalisation de l’objectif de croissance. Pas plus que le Fonds Monétaire International (FMI), qui annonce pour cette année une hausse du Produit National Brut (PNB) de 5,5% -loin des 8% prédits par Pékin. 

[3] La morosité déteint sur les investissements étrangers: selon le sondage d’A.T. Kear-ney auprès de 70 groupes (229 projets), 38% des outils en propriété à 100% sont "dans le rouge", et 58% des Joint-Ventures. Les plus avantagées sont les firmes de services, 50% de bénéficiaires pour 25% opérant à perte. Les groupes industriels comportent 38% de bénéficiaires, et 38% d’endettés.

[4] La bonne nouvelle du jour, étant dans les 1ers signes de reprise, suite aux investissements massifs de l’État dans l’infrastructure, aiguillonnés par l’effet de la reconstruction post-inondations. Aciéries de Shaoshan (Shenzhen), aluminium du Yunnan,ciment Huaxin (Shanghai),labos pharmaceutiques de Nankin affichent en août des chiffres bons ou record, et le marché, malgré le chômage qui monte, continue à s’étendre (100% pour les TV grand écran au 1er  trimestre, 300% pour les climatiseurs). Preuve qu’en Chine comme ailleurs, la crise n’est pas là pour tout le monde, et que le ressort de la croissance n’est pas brisé!

 

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