Cinq tests nucléaires en 3 jours, de lundi à mercredi: l’Inde nouvelle du Premier Ministre nationaliste Vajpayee n’a pas pris trop de temps pour compromettre la fragile entente entre les deux pays, qui avaient normalisé à partir de 1991, après 31 ans de relations détestables suite à une guerre éclair livrée par Pékin et à la perte par New Delhi de 128 000km² de territoire.
En 1997, les deux pays tentaient timidement de renforcer leurs échanges, notamment par la création d’un Conseil Commercial Commun.
Cependant l’Inde n’avait jamais cessé de soupçonner la Chine de se renforcer militairement à ses dépends; ces accusations sont toutes ressorties début mai dans la bouche du ministre de la défense G. Fernandes (évidemment « de mèche » avec son 1er Ministre, et qui préparait ainsi son opinion publique à la série de tests nucléaires) : la Chine aurait renforcé son arsenal nucléaire, sa capacité d’écoute électronique au large des îles indiennes Andaman (à l’aide de son allié la Birmanie), ainsi que ses aéroports tibétains, lui permettant de frapper l’Inde par voie des airs.
L’accusation contre la Chine, pour justifier ces tests nucléaires, ne serait qu’un prétexte: l’opération étant en fait destinée à satisfaire son électorat Hindu et le lobby militaire indien. Mais ce faisant, New Delhi a fait reculer de plusieurs années la normalisation.
La réaction chinoise a été très modérée en surface, mais qu’on ne s’y trompe pas: les patrons de l’Armée Populaire de Libération (APL) ne pourront avoir, suite à ces gestes indiens hostiles, qu’une seule exigence: plus de moyens, voire la relance de leur propre programme nucléaire chinois!
Sommaire N° 18