Zhang Yimou, un des talents avérés du cinéma chinois (« Sorgho rouge », « Vivre », Grand Prix à Cannes en 1994), prend ses risques pour se renouveler: son nouveau film en cours de tournage ne comporte ni professionnels, ni script. Ses acteurs, enfants d’un village, tournent sous leurs vrais noms et improvisent les dialogues, sur la base d’un argument présenté à l’avance. Sortie du film, fin 1998.
Tailai (Heilongjiang), malade de l’usure: 70% des paysans ont engagé animaux de trait et charrettes, retiré leurs enfants de l’école -les suicides ne manquent pas. Les fermiers doivent s’endetter (à 35 à 40% d’intérêt/an), parce que leurs récoltes sont payées en assignats sans valeur avant des mois, par les offices du grain, dont les cadres ou leurs amis par ailleurs, offrent ces prêts usuraires.
Ce genre d’abus entraîne un autre phénomène de cette province, une des plus sauvages du pays: le retour à la nature, de plusieurs centaines de (heiren, « gens au noir ») en rupture du ban, qui prennent le maquis dans la haute vallée de la Sungari, fuyant justice, police ou créanciers. Exactement comme, 1000 ans plus tôt, les héros du roman historique « au bord de l’eau » (, shui hu zhuang).
Sommaire N° 18