Si vous êtes de ceux qui croient en une Chine monolithique sans diversité, le VdlC vous offre le cas de Nanping, village de Huangshan retranché du monde. Quoique Nanping soit ignoré des hordes de touristes, le canton entier (Yixian) est restreint aux étrangers : il faut un permis, chichement accordé. Officiellement, en raison d’un sous-développement local. Pourtant, Nanping montre toute autre chose. Dans ces splendides maisons Ming, tout, de la décoration à l’organisation du travail, ramène la morale toujours assidûment vécue de Confucius. Chacune des colonnes du patio affiche les maximes des aïeux: étudier dur pour accéder aux honneurs, ou respecter les pères, en labourant profond. Au fond, une table, à gauche, un miroir (jing), signifiant par homophonie, la réflexion avant l’action;à droite, une jarre (ping) pour assurer le retour sain et sauf des enfants partis au loin. Coup éblouissant : Nanping, contrairement à la région, a réussi à traverser indemne la Révolution Culturelle. La route, alors, n’existait pas: Nanping a simplement gommé le chemin, et vécu 10 ans en vase clos – preuve d’une impeccable discipline.
Aujourd’hui, Nanping et ses soeurs doivent faire face à un danger autrement angoissant : la course au profit, la mécanisation, l’exode rural, le bond en avant vers un Occident mal compris. Déjà à Xidi, quelques km plus loin, chaque maison s’est convertie en dépôt d’antiquaire, qui écoule les merveilleuses statuettes et bas reliefs… Tant qu’il en reste… L’acculturation aux portes!
Ce qui résout l’énigme de la fermeture partielle à l’étranger: le canton tire parti des lois du socialisme pour se protéger. Attend, pour tirer les leçons des erreurs des autres, pour voir si n’émergeraient pas des formes de progrès plus douces et compatibles avec leurs valeurs – le tourisme culturel, par example, mais ceci est une autre histoire!
Sommaire N° 17