Li Peng, le Premier ministre sortant, appartient à l’aristocratie du régime, ayant été adopté en 1931 à l’âge de deux ans par Zhou Enlai, après l’exécution de son père par les nationalistes. Cursus dans les meilleures écoles du Parti, université à Moscou en ’55, puis montée tranquille vers le pouvoir.
En juin 1989, Li fait un choix crucial: «à gauche toute», pour évincer son rival libéral, Zhao Ziyang.
Après la répression du printemps de Pékin, les difficultés viennent: image négative, rancoeurs internes (en 1994, il disparaîtra de la scène durant 7 semaines, pour maladie). Pour rester au pouvoir, il devra concéder, et se faire de plus en plus… réformateur!
Aujourd’hui, Li Peng passe pour un des artisans de la croissance et de son corollaire, la stabilité. Fidèle à son école soviétique, il est l’homme des grands chantiers (énergie, infrastructures), mais aussi de l’étranger, ayant signé bien des contrats en milliards de USD (centrales nucléaires, barrages, raffineries).
Paradoxalement, Li Peng est aussi un des ténors de la politique d’ouverture qui a entraîné, à terme, une dose indiscutable de démocratie: figure protéiforme, complexe, bien dans la tradition politique chinoise, où la vertu première est la longévité et l’animal fétiche le mille-pattes, avec un pied dans chaque camp.
Sommaire N° 9