La presse ne l’admet pas souvent, mais une des productions agricoles les plus profitables en Chine est celle qui permet aux 320 M de fumeurs d’assouvir leur vice, l’herbe de Nicot ! Rien qu’à l’Etat, le tabac rapporte presque 10% de ses revenus fiscaux, et en 1997, 30 M de paysans en a planté, dans l’espoir de juteux bénéfices. Hélas, leur récolte « sensationnelle » de 1997 (chiffre resté secret, la récolte de 1996 était de 29,5Mt, sèche) dépasse de très loin -2 ans, pour être précis- les besoins du marché chinois, avec ses 180 usines.
C’est pourquoi STMA, le monopole d’Etat, prépare des mesures strictes. Cette année, des contrats d’exclusivité, offerts à une fraction seulement des producteurs, devrait permettre de réguler la récolte future. Pour les autres, ce sera la reconversion.
La CNNC, monopole des métaux non ferreux, change de patron. La nouvelle serait mince si ce Président n’était autre que Wu Jianchang, gendre du défunt Deng Xiaoping,. Depuis des années, Jiang Zemin s’efforce de réduire l’influence du « gang des petits princes » (taizibang) en général, et le clan de Deng en particulier. Le monopole national des métaux non ferreux (CNNC) a souffert de la chute des prix des métaux en 1997 et n’a réalisé qu’un profit net de 728M USD, un dixième de l’objectif. A la CNNC, on dément que cette mutation soit due à l’une ou l’autre de ces deux raisons. On ignore si Wu va conserver son autre présidence, celle de Silvère Grant International – il est aussi pressenti comme Vice-ministre des Industries Métallurgiques.
1998 est l’année où les achats de voitures par des particuliers, dépasse ceux des danwei (unités de travail). Selon les prévisions des constructeurs, la demande cette année devrait atteindre 1,7M de véhicules, dont 550 000 voitures particulières.
Suite à un jeu de vases communiquant entre Everbright et China Telecom HongKong (CTHK), deux « red chips », groupes chinois de droit HongKongais, ce dernier se retrouve à la tête de la totalité des actions d’HongKong Telecom possédée par la Chine populaire, soit 13%. Elle en avait 5,4% initialement. Montant du rachat des parts d’Everbright: 1,7MM USD, ce qui signifie, sur 10 mois, un profit d’1,6HKD sur chacune des 905M de parts cédées. Ce, en dépit d’une décote « spécial Chine » de 7,7%.Pourquoi cette reconcentration des avoirs chinois sur HK-Telecom ? L’actionnaire principal d’HKT, le groupe britannique Cable & Wireless, qui détient 54%, négocie avec le Min. des P & T pour céder jusqu’à 25% de ses parts, en échange d’un accès privilégié au marché chinois des télécoms: ce qui serait une entaille dans un monopole jusqu’à présent sans faille.
« Timidement » et avec beaucoup de retard, la Chine annonce son feu vert à l’émission de parts B (titres accessibles aux étrangers dans les bourses chinoises), pour 18 entreprises triées sur le volet, de tous les secteurs économiques. Elle en avait autorisé 15 l’an passé. A ce jour, 101 firmes ont été cotées en parts B entre Shanghai et Shenzhen, qui ont attiré 4,4MM USD d’investissements privés. Parmi les 18 « lauréats »: Shanghai Electric Corporation, un des trois plus grands groupes nat’x d’équipement, au capital de 7MM USD. Shenzhen et Shanghai ont réagi enthousiastement à ce « ballon d’oxygène » offert par Pékin: hausse immédiate des cours de l’ordre de 10%. La période n’est pas vraiment la plus propice pour émettre de nouveaux titres en Bourse, mais les besoins des firmes en argent frais sont immenses. La restructuration n’attend pas.
19 groupes touristiques avaient déjà tenté leur fortune à la bourse chinoise, mais jamais à l’étranger : c’est aujourd’hui chose faite : la Cie touristique de Guilin (GTC) se place sur les marchés chinois et de HongKong. GTC espère rassembler 205M USD, destinés à la construction d’un palais des congrès/centres d’exposition, d’un complexe sportif, d’un village de vacances et à l’ouverture de nouvelles routes touristiques. Du succès de cette opération dépend la survie de GTC, car si Guilin et ses environs, une des premières destinations nationales, a reçu 408000 touristes étrangers en 1996, qui y ont laissé 119M USD, elle manque de la capacité d’investissement minimale pour se hisser au niveau de la Thaïlande ou de la Malaisie.
L’aviation civile poursuit son effort de rénovation de ses infrastructures. 1997 avait vu l’ouverture de 10 aéroports de capitales régionales. Cette année verra la poursuite des chantiers de plusieurs aéroports internat’: Pékin, Pudong, Baiyun (Canton), et Xiaoshan (Hangzhou). Investissement total annuel : 2,2 MM USD, en hausse de 14% par rapport à 1996. La Chine attend, en 1998, 61M de passagers (+8,4%), et 9,5 MM t-kms de fret (+9,6%). Hausses qui marquent en réalité un frein à la croissance du secteur qui caracolait, depuis ’94, à 20%/an. La raison au ralentissement est due à une priorité nouvelle de profitabilité (qui prime désormais sur « l’expansion à tout prix » : la plupart des compagnies chinoises sont dans le rouge), et au contrôle strict de l’Etat des normes de sécurité, suite à une importante série noire de sinistres aériens les années passées.
En 1997 les Entreprises d’Etat ont perdu 12MM USD dont près de 5MM en "épongeage" de dettes irrécupérables. Le pouvoir impute l’essentiel de ces pertes à la corruption des cadres, qui vendent ou dilapident les avoirs qui leurs sont confiés: depuis 1993, plus d’1/4 de million de cadres et membres du Parti ont été impliqués dans des affaires de corruption. Contrastant avec cette image d’un secteur à bout de souffle, le privé, lui, se porte comme un charme. Au 31 décembre, il comptait 29M d’entreprises employant 61M de personnes, pour un actif de 81MM USD. Le privé, l’an passé, a engagé 900 000 chômeurs, tandis que 2M de sans emploi osaient xia hai, « descendre à la mer », çà de se mettre à leur compte. Et durant les dix 1ers mois de 1997 les revenus du secteur montaient de 23% (6MM USD) : l’Etat voit où se trouve son intérêt !
En 1997 la Chine a publié "légèrement plus" de livres que l’année précédente: 7,1MM de volumes répartis en 120 000 titres. Ses profits par contre, ont fort augmenté +30%, soit 4,3MM USD. Rompant avec la tradition des 40 dernières années, le chinois commence à posséder des livres, se faire une bibliothèque : face à cette demande, l’édition chinoise ne suffit plus et le pays s’apprête à ouvrir tout grand les portes à l’importation.
Sommaire N° 7