Editorial : VERS UNE RÉFORME POLITIQUE?

En  ordonnant la réhabilitation de Hu Yaobang, Hu Jintao assume le pas le plus risqué de son mandat.

Esprit rarement fécond, Hu Yaobang, 1er Secrétaire dans les années ’80, avait conçu bien des changements sous Deng Xiaoping, vers le «socialisme de marché», en tandem avec Zhao Ziyang.

En 1987, craignant la fin de la dictature du prolétariat, l’aile gauche l’avait limogé. Sa mort en 1989 avait lancé place Tian An Men les étudiants. Après le massacre de la nuit du 3-4 juin, de peur de ranimer ce débat, le régime n’avait jamais voulu rétablir son image. Sans lien avec Hu Yaobang (mais ayant servi dans les jeunesses communistes créées par lui), Hu Jintao a choisi son 90ème anniversaire (20/10) pour le réhabiliter, à Cangfang (Hunan, son pays natal), et surtout au Grand Palais du Peuple où le Parti marquera l’événement d’une fête retransmise en direct au pays.

Hu Jintao pourrait donc devenir l’homme par qui la Chine ose regarder son  passé. Un neveu du disparu confie qu’il méditait ce geste depuis « 2 ou 3 ans » : Hu Yaobang était un de ses maîtres à penser, comme Zhao Ziyang était celui de Wen Jiabao.

Ce virage qui gênera peut-être Jiang Zemin (l’ex-Prsdt) et sa faction, a ses limites: Hu exclut que le Parti annule son verdict «contre-ré-volutionnaire» sur le Printemps de Pékin. Cela ne sera sans doute pas possible du vivant de ses acteurs, tel Li Peng!

Pour autant, ce tournant ouvre la voie à d’autres réhabilitations, ainsi qu’une chance de réforme politique – toilettage aux privilèges des cadres, et priorité à la loi. Cette effluve démocratique était déjà sensible dans la gestion sociale des émeutes, à la poigne plus nuancée (cf VdlC n°26, 27). A présent, le régime l’assume, démontrant confiance en sa force, et conscience de l’urgence de dynamiter des vieux réflexes autoritaires et corrompus au sein de l’appareil, tout en transférant davantage du produit de la croissance, vers les défavorisés.

Curieusement, cette semaine, on note une baisse de rythme des affaires et contrats internes à la Chine (notre rubrique «argent») , atypique en cette époque de l’année. Elle peut s’expliquer par le tour de vis au crédit et à la surchauffe. Elle exprime aussi l’attentisme des décideurs économiques (et politiques), face à ce tournant impalpable, aux conséquences potentiellement si lourdes : la Chine retient son souffle, avant le Plenum du Comité Central sous quelques semaines, qui permettra d’y voir plus clair !  

 

 

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