Petit Peuple : Changchun, mariage sur faux numéro

— Rêve caché de la Chine la plus branchée: griller les étapes, rattraper en une nanoseconde 1000 ans de pauvreté et d’humiliation. Brûler sa terre, sa vie, pour jouir de l’instant. Qui sait si demain, la permissivité sera toujours là? Le nouvel idéal: le «vite fait sur le gaz» !

En ce monde pour riches, trois secondes suffisent pour un café instantané. Cinq, pour un e-mail au bout du monde. Six heures, pour franchir deux continents en jet. L’ultime avatar de cette mode résistible est le 闪婚 shan hun, «mariage fulgurant».

Le 1er août, à Changchun (Jilin), suite à un faux n°, Tang (garçon) et Huang (fille) tinrent sur leurs portables un 1er bavardage. Il dura 7 heures, et se conclut (à distance) par un «oui! » nuptial. S’ils avaient pu, l’union eût été bouclée dès le lendemain : l’oubli des papiers de la donzelle les força à reporter au Jour «J+4».J+8, l’appart était loué tambour battant. J+10 voyait le(s) déménagement(s). J+11, ils réceptionnaient le livret de famille. J+16, la mini-fête une fois baclée, Tang tira Huang par un bras, la valise dans l’autre vers le taxi, la gare, la lune de miel, suivis d’une nuée de paparazzi, car ils étaient passés en symbole.

A travers la Chine, les jeunes trouvaient ultimement «cool», qu’ils aient ainsi su tirer leur révérence. Ils définissaient une idéologie nouvelle et implacable-celle du chacun pour soi et du sauve qui peut! Par contre, vexés de s’être fait voler une fête, amis et proches «firent les yeux ronds et un noeud à leur langue» (chengmu jieshe,瞠目结舌). Non sans aigreur, certains prédisent même un闪离 shan li, «divorce fulgurant», prix à payer pour avoir refusé confiance en la vie, et en l’avenir.

 

 

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