Epinglé en 2004 comme secteur en surchauffe et énergivore, le ciment aurait dû vivre une mauvaise année, vu la cure de crédit que lui infligeait Pékin: il n’en a rien été. Le débit nat’l a augmenté de 15,5%, frisant 1MMt, et le degré d’utilisation a plané haut à 98%.
Nombre de facteurs concourent à cette résistance : l’absence de groupes géants pour fusionner l’activité, le maintien d’une demande pour les chantiers d’infrastructures (non gelés par l’Etat), le soutien des pouvoirs locaux. Exemple: en 2004, le cantonais Resources cement a vendu 3,45Mt de ciment, +20%, et +27% de béton frais (1,47Mt, surtout pour les chantiers publics). Ayant les reins plus solides, il a pu livrer là où les petits acteurs ne le pouvaient plus. L’effet principal arrive maintenant : le rachat de 73% de Pingnan, parent éloigné du groupe, lui permettra d’augmenter sa capacité de 57,6%, à 5,2Mt/an !
— En 2004, 90% des joueurs en bourse ont perdu, et seulement 5% gagné. Pour 2005, 60% s’attendent à prendre un nouveau bouillon -qui vient dès le jour de reprise, d’atteindre le plus bas cours en 67 mois… Jamais la crise morale ne fut si forte, ni plus criante la contradiction avec les exploits chinois à l’export.
Aussi Shang Fulin, boss de la tutelle CSRC promet-il un assainissement graduel. Parmi les 132 maisons de courtage, toutes endettées, Huaxia devrait être repris par Citic le n°1, et Eagle (Wuhan, 483M$ de dettes) par Changjiang, partenaire de BNP.
Au chapitre “diversification des produits fiduciaires”, la banque de la construction -la CCB- leader du prêt hypothécaire reçoit le feu vert pour lancer l’activité en bourse. Sa soeur la CDB- la Development bank créerait une société à actions pour racheter les prêts immobiliers d’autres banques, et les réemballer comme titres.
NB : dans cette course à la jouvence, manque toujours l’ingrédient principal du “miracle” : la séparation de la bourse face à l’Etat!
— A son tour, PetroChina reçoit le feu vert pour un complexe gazier au Jiangsu, de 2.4MM$.
Projet qui lui permet de rejoindre Sinopec et Cnooc sur ce marché d’avenir de la ville propre, avec les clientèles solvables, le citadin (cuisine, chauffage), les industries (pétrochimie) et les centrales thermiques. Le projet comprend un gazoduc de 70km, un terminal à Rudong, pour 3Mt de GNL/an, et une centrale de 2400 Mw. Son trop-plein sera déversé dans le gazoduc Urumqi-Shanghai, qui vient d’ouvrir.
Hic : le projet PetroChina n’est-il pas redondant avec ceux de Lianyungang (Sinopec) et Binhai (Cnooc, qui prépare ici son 4ème projet du genre)?
Pas forcément : assoiffé d’énergie, le Jiangsu en importe 80% d’autres pro- vinces, et pourrait donner l’aval aux trois projets.
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