A la loupe : Conflits sociaux : vers un autre regard…

Bien des incidents de masse ont eu lieu cet été 2005, dans la droite ligne des 74.000 émeutes recensées en 2004, des 54.000 de 2003, et des 10.000 de 1994.

Assez pour inquiéter le pouvoir qui annonce (15/8) la naissance de brigades spéciales, genre CRS, dans 36 villes, tout en instruisant les patrons de police locale de négocier avec les «pétitionnaires».

Une raison  aux raisins de la colère, est le parti pris fréquent des mairies pour le spéculateur, contre la population. Lors du vieux conflit à Meishan (Zhejiang) opposant une usine de batterie Tian Neng à un village luttant pour la santé de ses enfants, la police a chargé (21/8), envoyant 70 blessés à l’hôpital.

De même, suite à la mort de 123 mineurs en août,  Canton prit les grands moyens et dynamita 32 petites mines privées, illégales (mais payant taxes). Ici aussi, la police chargea contre les propriétaires et leurs hommes défendant leur gagne-pain. Ailleurs, à Fuzhou (Fujian), un paysan désespéré par son cancer du poumon et ses dettes, se fit exploser (8/8) dans un bus, causant 31 blessés…

En juillet 2005, une affaire vit un curieux dénouement.

On se souvient (VdlC n°20) de cette confiscation de terres à Shengyou par la centrale thermique Guohua, pour y stocker ses cendres de charbon. Les fermiers se défendant, Guohua et les cadres avaient lancé sur eux 200 nervis, causant 6 morts : le 21/7, on apprenait que le Parti local (très inspiré par Hu Jinta – dit la rumeur) annulait l’expropriation et allongeait 600.000² de compensation aux victimes. Tandis que Guohua, responsable du clash, recevait un autre terrain d’épandage!

Dans la gestion des conflits, le pouvoir semble donc hésiter entre carotte et bâton. Division qui s’exprime aussi dans la dénomination (traditionnelle) de « terrorisme », mais aussi, et en très haut lieu, de simple «désespoir, sur fond de dysfonctionnement administratif».

Voilà le tournant, sous le régime de Hu Jintao, par rapport au passé. Signe d’évolution des esprits, dans un sens plus conforme aux réalités, et de rectification d’abus. Mais aussi, signe de fragilité accrue, chez une direction qui doit plus que jamais maintenir le cap, et l’union du Parti.

 

 

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