Une course contre la montre oppose les fans du vélo électrique (la rue) et les pouvoirs publics, qui veulent sa mise au ban.
Dès 2002, alléguant une vitesse excessive (20km/h!) ou des problèmes de recyclage de batterie, Pékin (mairie) l’interdisait, «d’ici’06». D’autres villes emboîtaient le pas.
En réalité, c’était d’économie qu’il était question* : il s’agissait d’éradiquer le deux-roues, pas de le moderniser! Réserver le parc routier exigu à la seule voiture, d’un meilleur rapport (en taxes, en emploi, en image) pour ranger l’archaïque vélo au rayon des oripeaux surannés.
Seulement voilà, les faits sont têtus : en 2004, 7 M de vélos électriques se sont vendus en Chine, doublant ainsi leur nombre, et occupant 25% du marché des vélos. Outil imbattable par sa souplesse, sa propreté, moins cher qu’une voiture, non polluant (moyennant recyclage approprié), il permet aussi d’échapper à la congestion du trafic qui s’aggrave – fortement dans Pékin, avec ses 1000 immatriculations par jour.
A la campagne, son succès est plus grand encore, permettant de couvrir, sans s’épuiser, les distances plus importantes (vers l’école, le magasin, la ville). Aussi la campagne de presse à laquelle on assiste ces jours-ci, laisse deviner que le camp des «vélorutionnaires» commence à remonter la pente!
Moins glorieux est le cas des firmes de bicyclettes traditionnelles, clonant à l’infini le mountain bike ou le cyclotouriste moyen, et compensant la guerre des prix par une tentative d’inondation à l’export. Pour ne pas l’avoir compris, Shenzhen Bicycle frôle la faillite, sur demande de son créancier Huarong—une structure de défaisance. Il était le 1er exportateur du pays. Sic transit gloria mundi…
* Pour les curieux, lire L’Empire en danseuse, par Eric Meyer, éditions le Rocher, 2005. Disponible à la rédaction
Sommaire N° 26