En décembre 2004, Wang Yueting quitta sa vie rangée à Chuzhou (Anhui), pour une trottée via 19 provinces, au tracé visant moins une destination qu’une distance, 10.040km ni plus ni moins.
Ce chiffre cabalistique cachait un soutien fervent aux JO de Pékin : 10.040km faisait 20.080 li (里), soit –les plus vifs l’auront remarqué – le décuple de 2008, le rendez-vous fétiche des JO de Pékin!
Pour réaliser son exploit Wang, aux 56 ans bien sonnés, prenait un lourd pari sur l’avenir, lâchant son job et vendant son appart à 150000RMB minables, pour financer 7 mois de logistique, les salaires de 6 compagnons coureurs, masseur, chauffeur factotum, et la caméra-girl – son meilleur espoir de rebondir!
Dans l’aventure, Wang alla jusqu’à sacrifier sa femme : ulcérée qu’il ait vendu leur toit sans la prévenir, et sacrifié leur couple au nom d’une vision dévoyée de l’esprit olympique (背道而驰 bei dao er chi, prendre la Voie à contresens), l’épouse divorça! Sur son asphalte, Wang n’en a cure! Coureur épique pour la gloire nationale, il vit dans son cocon de superforme et un halo d’admiration éperdue sur son chemin. Cette existence est mille fois préférable à la tristesse d’hier, tout comme le privilège de yi yi gu xing (一意孤-行), suivre ses « rêveries du joggeur solitaire »!
Sommaire N° 8