«Censurer l’internet», disait Bill Gates il y a 10 ans, « impossible -sauf à mettre un gendarme derrière chaque PC ». Pékin a relevé le défi, créant la plus puissante censure au monde avec 30.000 hommes derrière les meilleurs systèmes informatiques, importés à coups de 100aines de M$.
Aujourd’hui, cet effort lui permet de lancer 3 offensives nouvelles :
[1] D’ici le 30/6, tous sites et blogs (pages personnelles en ligne, mini forum) de Chine doivent s’enregistrer sous peine d’amende de 120.000$. 74% des sites auraient déjà obtempéré. A l’aide d’un outil rampant performant, le pouvoir se fait fort de détecter les 700.000 blogs de l’ombre.
Ce ne sont pas des paroles en l’air : dès 2002, déjà 19.000, voire 50.000 sites étaient bloqués par ses firewalls, et au moins 58 internautes sont en prison pour avoir posté leurs essais (voire, leurs chansons) on line!
La censure ne vise pas que le délit politique : sont aussi visés les publicitaires et annonceurs sans licence, et les sites/blogs prêchant violence, superstition ou sexe—comme cette Mu Zimei, qui narra avec force détails ses exploits de lit, dynamitant quelques jours durant l’audimat national. Avec 100M de surfeurs sur la toile attendus cette année, le pouvoir prend au sérieux sa charge d’âmes…
[2] Dans cette croisade conservatrice, il reçoit une aide inattendue, telle celle de Microsoft, qui bloque sur son MSN, au nom des lois en vigueur, un certain nombre de mots clés imposés par Pékin, tels «liberté», «socialisme» ou «falungong».
[3] Le dernier surgeon de la censure est révélateur : dans les provinces et villes, la propagande recrute en interne des commentateurs internet à mi-temps, supposés se mêler sous pseudo aux conversations dans les forums/blogs pour y faire régner l’ordre, ou intimider.
Vingt commentateurs fonctionnent depuis avril à Siqian (Jiangsu), vingt autres arrivent à Nankin. Mais la pratique apparaît finalement innocente, et aveu de faiblesse, pense Liu Di, ‘la souris d’acier‘, dissidente internet qui fut embastillée en 2003 : «s’ils en sont à tenter d’influencer le débat internet en engu…ant les surfeurs, c’est que plus rien ne marche… Et c’est bien la preuve que l’internet reste aujourd’hui le media le plus libre!»
Sommaire N° 20