Sur le parvis du grand magasin de Zhuhai, ce 24/4, une école insolite présentait sa collection d’été.
Sensuelles, parfumées, aux permanentes châtiées, aux mèches décolorées ou teintes à tous les tons de l’arc-en-ciel, 25 mannequins défilaient en bon ordre, s’arrêtant pour faire mater leurs lignes graciles et déhanchement coquin, mis en valeur par l’habillement osé -boléros, capelines, robes légères, ceintures froufroutantes ou culottes bouffantes de laine, coton, lin et soie, bien sûr.
Que les créatures de rêve soient toutes en laisse, ne dérangeait nullement les badauds : non qu’ils souffrent d’un inconscient machisme, mais sur le “cat-walk”, les chattes étaient des chiens, et leurs maîtres, les canicures formés par cet institut, nouveau métier très demandé pour baigner, peigner Médor, l’habiller et lui faire les griffes.
Issu du cerveau fébrile d’un cadre commercial fraîchement émoulu, le concept fait fureur dans le Guangdong.
Hier banni des villes, le toutou s’est réimposé comme compagnon de l’homme – à elle seule, Pékin a franchi dès ’03 le cap du M. Mais quand il parle de chien, le Chinois chasse le naturel, et veut sa bête recarossée, remodelée selon ses propres canons du beau.
Tandis que dans l’oeil de l’animal, c’est bien sûr l’inverse qui se produit: dans ses beaux atours et tant admiré, le canidé “ne se sent plus pisser” : alors que, selon l’adage, “le chien courant voit l’homme petit” (狗眼 看人低 gou yan kan ren di), le chien de Zhuhai nippé pour son concours, voit son maître mal habillé!
Sommaire N° 17