Après un mois en enfer, ce jour de janvier 2005, Zong, cadre à Chongqing entrevit enfin la porte de sortie, en recevant un SMS.
Toujours par monts par vaux, Jiang sa femme qui était chef des ventes d’une grande compagnie, lui faisait la vie dure, se reposant sur lui pour les tâches du ménage et les crises du petit dragon. Aussi, lors de ses rares présences, elle se faisait abreuver de reproches, les langues dérapaient, ils faisaient chambre à part, jusqu’à ce que fuse un jour l’étincelle qui fit sauter le baril de poudre : elle le plaqua.
Mais fort classiquement, à peine la porte claquée, il ne vécut plus, jusqu’à cet ambigu SMS, 30 jours plus tard, énigme en 42 chiffres suivie de l’ultimatum: «traduis, ou divorce»! La joie au coeur, il prit crayon, gomme, règle à calcul. Il acheta des livres de cruciverbistes, logiciels de décryptage, et polards. Il tanna ses amis, y passa jours et nuits, s’éveillant en sueur sur l’angoisse de la page blanche. Puis le désespoir lui inspira ce coup de génie : il posa l’énigme au courrier du coeur du Chongqing Daily: les réponses affluèrent avec la fougue d’une société possédée par le démon du jeu, celui-là même qui avait poussé Jiang à jeter leur destin conjugal dans la céleste balance. Zong reçut 300 traduc-tions de la série de chiffres, dont 80 justes.
Basé sur une prononciation homonyme, le message disait «je pense à toi, et te jure de faire mieux à l’avenir». Suite à quoi les pigeons se rabibochèrent : les «éclats du miroir étaient rassemblés» (破镜重圆po jing chong yuan), manière chinoise de dire que « les ragoûts réchauffés sont les meilleurs ! »
Sommaire N° 9