— Depuis 1988, Ping An, n°2 de l’assurance-vie et n°3 du non-vie, tissa depuis Shenzhen sa toile de 3000 agences, bureaux de douze emplois en moyenne, avec 36000 ronds de cuir qui traitaient les sinistres, et 250.000 rabatteurs fonctionnant à la commission pour les polices.
Le système fonctionna tant que se dressa le filet protectionniste: en 2002, Ping An, patron géant et paternel, engrangeait 7,5MM$ de primes, +33% ! Mais Sic transit gloria mundi.
Alors que l’étranger occupe depuis mars le devant du marché, il y a de la réforme en l’air ! Suivant la formule rôdée à l’Ouest, Ping An vient de centraliser ses arrière-boutiques en une base logistique de 170.000m2 à Pudong (pour 120M$ d’invest) pour traiter nationalement les dossiers acheminés par intranet (déclancher enquête, remboursement et réclamation) et la gestion de ses activités de courtage boursier. Il en attend 20% à 30% de coupe des coûts salariaux -sans compter l’économie sur les fraudes, plus faciles à détecter. 1/3 du personnel restera en agence, un autre tiers ira à Shanghai ou à la vente, le reste étant invité à se chercher un nouvel avenir, chèque en main!
— Consortium d’investissement du gouvernement du Guangdong,
GDH, le bras investisseur de la Province du Guangdong, fait une offre rarissime de rachat des parts d’une filiale en bourse de Hong Kong. Selon la règle pour toute EE, 28% des parts des tanneries de Canton avaient été cédées en bourse de HK. Mais le prix d’émission, 0,32HK$ la part avait chuté sous la morosité du HKSE, la bourse de Hong Kong, (-3,2% depuis janvier), et sous la méfiance envers les red chips, valeurs chinoises de tous les dangers. Le 28/6, dernier jour de cotation, elles s’échangeaient à 0,21HK$.
Or le 13/6, sensation: GDH, offre la reprise de toutes les parts, à 0,28HK$ (prix final!). Tarif bien en dessous de la valeur d’émission, mais permettant aux investisseurs de limiter les frais. La décision de l’entreprise d’Etat procède d’une logique très spéculative : à 0,21HK$ cette action nageait en dessous de sa valeur. Comme tout métier peaucier en Chine, les Tanneries de Canton vont bien, avec leurs exports massifs vers le monde.
Racheter à bas prix permettra de procéder à toute restructuration ou revente sans se soucier d’une assemblée d’actionnaires. Enfin, c’est un spectacle insolite, que cette grande entreprise d’Etat, de la plus capitaliste province, qui va à l’inverse du reste de la nation.
La Chine veut vendre ses entreprises d’Etat. Canton renationalise la sienne- et comme Candide de Voltaire, vit dans le meilleur de tous les mondes possibles!
● Pour l’Etat, l’argent illicite n’a rien de romantique.
Il alimente les caisses noires, des firmes ou des provinces, enrichit les réseaux de drogue et de prostitution, exacerbe la pression à la réévaluation, et surtout augmente toujours plus sa frondeuse masse, nourri par un meilleur rendement à l’étranger, net d’impôts.
Aussi le Conseil d’Etat, réalisant le risque, a monté en avril 2004 une police financière spécialisée, dont le 1er tableau de chasse vient de paraître. D’avril à décembre 2004, 274 hommes de paille suspectés de blanchiment d’argent ont été arrêtés, 155 fausses banques fermées et 1,5MM$ confisqués.
Sur toute l’année, les limiers éventèrent 50 affaires de blanchiment pourtant sur plus de 500M$, dont les honorables correspondants se trouvaient à Hong Kong, aux US, au Japon et à Taiwan.
Pas moins de 10.740 rapports ou dénonciations de poissons en eaux troubles s’amoncelèrent sur les tables des inspecteurs!
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