Petit Peuple : A Dalian, le corbeau et le renard !

— Un art chinois trop peu connu à l’étranger, consiste en l’imitation de tout bruit.

Mais l’histoire qui suit, prouve que le législateur n’avait jamais prévu que le citoyen aille exploiter ce don pour suivre la vieille consigne de Deng, d’«essayer tout pour s’enrichir»!

A 39 ans, Xiao Hanming savait bien qu’il ne ferait normalement jamais fortune, n’ayant fréquenté l’école que 20 jours en tout et pour tout. Mais quelle tentation, de voir ses copains insolemment prospérer en sa ville natale de Shantou (Guangdong), plus connue pour ses temples du vice ou ses fraudes fracassantes, que pour le fruit d’un labeur honnête… Xiao était doué, à tout le moins, d’un bagout intarissable, et d’un mimétisme vocal confondant. Il entreprit donc de gruger Guo, entrepreneur prospère. Il se fit passer pour un investisseur public chargé par Pékin d’investir à Canton.

Faisant miroiter des profits mirifiques, il l’engagea à investir dans ses affaires. Guo mordit à l’hameçon, et se mit à payer des montants absurdes. Des mois après, voyant tarder les bénéfices, il clama son inquiétude. Alors, ô merveille! il reçut coup sur coup dans les heures suivantes les appels personnels de 2 ultra célèbres leaders nationaux: charmé par de si belles voix (余音绕梁 yu yin rao liang, «l’écho mélodieux s’ enroule autour des poutres»), le gogo retrouva sa vanité, poussa du jabot et reprit ses paiements insensés.

Résultat: le 5 juin au tribunal de Canton, le facétieux imitateur comparaissait pour escroquerie d’1,4M²! Reste à savoir si la justice appréciera la plaisanterie. La peine capitale s’attrape pour moins que cela en ce pays. Quant au financier plumé, il arrose solidement la presse pour qu’elle taise son nom : apparaître naïf, d’accord. Mais idiot, jamais !

La passion de Chu Yibing – le retour chez soi !

Très en vogue en Chine,Chu Yibing, violoncelliste, a fait la démarche rarissime pour un artiste, de retourner d’Europe vivre au pays. Sur ses 39 ans, il en a passé la moitié entre Paris (au Conservatoire) et Bâle, où il tint, à 23 ans, le violoncelle solo de l’orchestre symphonique.

Retour qui va d’autant moins de soi, que Chu était à 25% européen—sa grand-mère zurichoise avait fait en Chine un mariage d’amour. Il fut détecté dès 13 ans par le maître Pierre Fournier qui l’invita en Suisse. Il ne put s’y rendre qu’à 17, son bac en poche, selon l’exigence du père. Après ses études (y compris, à 30 ans, une maîtrise de direction d’orchestre), il vécut la vie aisée d’un concertiste international, notamment au sein de l’orchestre de Toulouse (invité de Michel Plasson), ou du sextette philharmonique de Cologne, avec lequel il fit des 100aines de concerts dans le monde.

C’est à 38 ans qu’intervient le tournant -après une longue maladie sans doute somatique. Il sent le devoir d’obéir à la volonté tacite du père, et de retourner au pays -au prix d’un lourd sacrifice financier. A Pékin, il accepte en 2004 une modeste chaire d’enseignant au conservatoire. Depuis, il se consacre à la formation 10 jeunes « fous de lui et de musique».

Pour Chu Yibing, la Chine trop matérialiste a besoin d’idéal. Et cette jeunesse est plus belle que le décor légué par leurs parents, en refusant de se contenter de la puissance ou de la richesse, mais exigeant le retour des valeurs du coeur.

C’est ainsi que depuis, Chu Yibing se dit « amoureux de son métier» (de mentor de ses étudiants), plus que de la musique » : un paradoxe qu’il cultive avec passion et qui désormais, fait sa vie !

NB : Chu Yibing recherche des sponsors, pour amener ses 10 élèves, en concert devant l’Unesco, à Paris, en décembre 2005.

 

 

 

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