Ils sont 182 000 cette année (28% de plus qu’en 1998), de 20 à 76 ans, à s’être inscrits à l’examen national ouvrant au titre recherché, grassement payé, de lüshi, avocat.
Mis en perspective, le seul chiffre des actuels membres du barreau chinois, 110 000, suffit pour percevoir la violente mutation en cours. Sous l’ère maoïste (dont des pans entiers, du point de vue du droit, demeurent en place), un corps juridique diaphane suffisait, face à une délinquance parmi les plus basses du monde, et à une propriété publique universelle : la discipline du Parti réglait les conflits.
Sous celle de Deng puis de Jiang, une société de plus en plus possédante, a besoin d’arbitres et de conseillers pour découvrir les limites de ses droits naissants, les nouveaux usages, et traiter l’avalanche de litiges, surtout économiques, aux greffes de tous les tribunaux de l’empire. Sur la pression de cette demande, un autre chiffre parle : les 110 000 hommes de la basoche chinoise, n’offrent qu’un avocat sur 10000 habitants, contre 5 dans le tiers monde!
Confronté au raz de marée des vocations, le ministre de la justice Gao Changli annonce une réforme de cet examen qui durera deux jours. On verra plus de standardisation, et une montée en puissance des techniques d’identification des compétences : maîtrise du droit, application des lois-clé (cf la nouvelle loi des contrats), connaissance des langues, et surtout démonstration d’un instinct d’avocat -moins de scolastique, plus de bon sens!
Sommaire N° 35