Editorial : ANP : un Plenum ‘bicéphale’

Le Plenum de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) qui débute ce vendredi 5, est écartelé entre 2 tendances (réformatrice, conservatrice), et deux mandats (conquête par la Chine de son statut mondial, pérennité de l’appareil monolithique).

Zhu Rongji, au perchoir, sera sur la sellette : tout comme Zhao Ziyang en 1988, obligé d’assumer la responsabilité pour le blocage de ses réformes (logement, administration, Grandes Entreprises d’Etat) par les événements (crise asiatique, crues de l’été 1998) et par ses adversaires : son discours introductif consistera en un appel à l’harmonie, à la cohésion, pour une croissance de 7%, en 1999.

Au plan idéologique, l’Assemblée nationale populaire (ANP) doit entériner la béatification constitutionnelle de Deng Xiaoping, aux côtés de Mao Zedong : formalité qui arrange tout le monde, y compris Jiang Zemin, candidat au dernier poste à pourvoir dans la trinité socialiste.

Plus inattendu, l’appareil veut soudain offrir plus de pouvoirs aux assemblées régionales, et leur suggère de voter plus de lois locales : c’est le contraire de ce que Pékin cherche à faire depuis octobre, à savoir, recentraliser.

Le « demi-tour » est dû à la constatation que les provinces, non consultées, coopèrent moins, et laissent à Pékin tout le poids de l’ordre public. Ce que la capitale offre aux chambres régionales, est plus de lois locales, pour la stabilité. Mais en même temps, elle veut leur imposer davantage de Présidents « parachutés » (cumulant la fonction de Secrétaires du Parti (ils sont déjà plus du tiers).

Enfin, à la veille du Plenum, le « Journal de la loi » appelle la population à collaborer avec les « organes spéciaux » pour débusquer les« ennemis » et « éléments menaçant la sécurité publique » : signal que la contestation, aujourd’hui, est intolérable.

Ce qui rend d’autant plus remarquable, dans ce climat tendu, la présence d’une opposition informelle, au sein de l’ANP : elle vient de voter la création d’un Sous-Comité « Budget » pour éplucher les comptes du régime, et déposé une masse d’amendements à la Constitution, en marge de ceux du gouvernement. Ces gestes ne changeront pas grand chose aux votes finaux, mais sont annonciateurs du changement irrépressible, que Pékin ne peut plus même occulter.

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
0 de Votes
Ecrire un commentaire