1999, année de toutes les audaces : tandis que Zhu tente de relancer la croissance en misant sur les classes moyennes, Jiang Zemin lui, veut moderniser les campagnes (il revient juste d’une inspection à l’Ouest, remake de celle faite au Sud en ’92 par Deng Xiaoping), et renforcer le paysan …par la loi !
Le concept n’est pas compliqué : il s’agit d’apporter la pratique démocratique dans les campagnes, modifier la vie de 900M de citoyens, sans rien toucher là où se trouve 90% du pouvoir réel, la ville. A ce prix, le monde rural connaîtra moins de manifs (comme celle de cet-te semaine, à Nanping, Fujian, d’une centaine de paysans contre des cadres corrompus).
A priori, le programme en quatre points apparaît insipide:
[1] reconnaissance par tous les cadres du rôle du paysan,
[2] renforcement d’un cadre juridique pour le monde rural, « aux co-leurs de la Chine » (occidentalisme, s’abstenir) ;
[3] apprendre aux leaders de base à agir selon la loi ;
[4] renforcer les tribunaux de campagne.
Est-ce à dire qu’hors des mots d’ordres, rien ne change? Rien n’est moins sûr! Au moins 50% des villages ont déjà leur maire élu, et depuis novembre 1998, peuvent le limoger. Liaodong, (Zhejiang), Jile (Heilongjiang) viennent de le faire, et l’on attend une multiplication des cas. Ceci donne aux paysans droit de regard sur la gestion des villages: c’est peut-être la fin des taxes illégales qui, estime le Conseil d’Etat, coûteraient au paysan officiellement 5,6MMUSD/an et dans la pratique, trois fois plus!Si tel était le cas, ce serait la 1ère chance, pour beaucoup de villages, de prendre en main leur croissance!
Sommaire N° 24