Editorial : Kosovo : par la petite porte, l’entrée de la Chine à la cour des grands

Par le vote du 10/06 au Conseil de Sécurité de l’ONU, du plan de paix au Kosovo, et les visites à Pékin (8-9/06) de Martti Hathisaari (Président de Finlande) et de l’allemand Gunter Pleuger, courtiers diplomatiques de l’Union Européenne (UE), la Chine vient de s’imposer comme une puissance incontournable de l’ONU. Elle vient de démontrer que rien, touchant à la paix du monde, ne se fait sans elle, et se flatte après coup d’avoir été le moteur de l’arrêt des frappes de l’OTAN.

Sa participation, pour autant, ne s’est pas toujours avérée «positive»: elle ne s’est jamais départie d’une défense de l’indéfendable, quitte à faire dans ses media, une présentation partiale et tronquée des faits. Avant de s’abstenir sur la résolution (autrement unanime!) des 15, elle a tenté de l’affaiblir -réclamant, par exemple, un mandat maximal d’un an pour la KFOR, force de paix au Kosovo. Auparavant, de concert avec Moscou, elle avait déjà obtenu du Groupe des 7 la concession de fermer aux Kosovars la voie de l’autodétermination (pourtant prévue dans les accords de Rambouillet): créant ainsi le risque de faire de la province une Irlande du 21ème siècle.

Mais que serait-il advenu, si l’UE, par Bonn et Reykjavik interposées, n’avait pas maintenu le lien, et si la Chine avait été laissée seule à sa théorie de « l’encerclement »? On en a un indice, par cette nouvelle ligne de politique étrangère, qu’on dit juste adoptée: renonçant à tout miser sur les USA, Pékin investirait dans 2 amitiés:

[1] avec ses voisins directs (afin d’éliminer toute occasion de conflit à ses portes);

[2] en Europe, avec tout pays hors OTAN, ou neutre. Tout ceci, afin de maintenir la «multipolarité» – contenir les USA…

Face à cet auto isolement et à cette sclérose patente, deux remarques:

– la Chine paie son refus au fil des ans, de toute réforme politique : dans un domaine inattendu,celui des relations étrangères,mais peut être le plus efficace pour induire le changement: Pékin est ultra-sensible à son image!

– seule capable de le faire, et répondant à un imperceptible appel, l’Europe vient à son secours, en cette phase critique, et fait l’effort pour maintenir la Chine dans ce dialogue mondial – ressentant qu’elle en est un élément incontournable: en politique, c’est le même mécanisme auquel on a assisté, à l’aube de la réforme économique, qui a bouleversé la Chine depuis 20 ans!

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