Lors du sommet Finances de l’APEC à Suzhou (8-9 septembre 2001), le ministre Xiang Huaicheng arborait le sourire, avec une conjoncture à contrevent du monde. Le FMI avait revu ses prévisions de croissance mondiale, de 3,2% à 2,7%. De janvier à juillet, la Chine voit une hausse de 7,8% soutenue par les dépenses publiques (143MM$ au 1er semestre, +15% ), par l’étranger (de jan à août, IED = 27,4MM$, +20,4%), et par l’attraction soudaine pour l’immobilier (+35% en 2001, d’après Sung Hung Kai, HK)!
Mais non sans pertinence, le ministre prévient contre l’optimisme : le consommateur dépense moins, comme en atteste les 852MM$ d’épargne en banque (NB: acheter son logement, est une forme d’épargne!), et la baisse des ventes/détail de moins 0,6%, à 9,6%, tandis que l’indice des prix à la consommation n’a monté que de 1% en août -score le plus faible depuis avril. Autre souci, la chute des exports (0% en août -contre +28% en 2000) – et la série d’attentats aux US ne pourra qu’aggraver la tendance. La production industrielle, elle aussi, marque le pas : +8,1% en juillet, contre près de 13% un an avant. La poursuite de licenciements, mauvaises dettes et guerres des prix est inévitable -cet été, on évoquait des ventes au kg de TV 29 pouces (dumping). Ici, la Chine a sur ses voisins un autre atout : son marché intérieur, qui l’affranchit en partie de l’environnement global – ses exports ne pèsent que 20% du PNB, contre 50% en Asie du Sud-Est. Son handicap est connu: 150M de paysans-chômeurs une Sécurité Sociale malade d’arriérés massifs des cotisations des prêts non-performants en banque, pouvant atteindre 500MM$, et une bourse en crise de confiance (cf col. de droite). Pour maintenir le cap, la Chine aura besoin de tous ses moyens, et d’une croissance estimée à 7%. L’inconnue, dans cette perspective, est la capacité de l’étranger après l’attentat de New York à investir en Chine et à lui acheter ses produits -autrement dit, le facteur politique de la réaction d’un pays blessé, et qui se dit «en guerre» !
Sommaire N° 30