Confronté à ses besoins croissants en électricité (+9,7% en 2000) et à la nécessité de réduire sa dépendance en centrales au charbon polluantes (80% de l’électricité), la Chine veut doubler sa capacité hydroélectrique à 150M Kilowatts (KW) d’ici 2015, et interconnecter les réseaux pour réaliser la synergie entre Est consommateur, et Ouest détenteur de 75% du potentiel hydroélectrique. Mais ce schéma très raisonnable se heurte à des obstacles, du fait des divergences d’intérêts immédiats.
En automne, il apparut que Xiaolangdi, barrage high tech de 4MM$, réalisé avec assistance étrangère (sur le Fleuve Jaune) n’avait pas trouvé un client: la province n’avait pas voulu fermer ses propres centrales au charbon (qui lui assurent revenus directs, et emplois).
A présent le problème se pose à Ertan, barrage le plus large de Chine (en attendant les Trois Gorges en 2009): conçu pour fournir au Sichuan et à Chongqing 17MM KW/an, il ne tourne qu’à 50% de sa capacité, depuis son ouverture en 1998. Il a perdu 151M$ en 1998/1999 et 121M$ en 2000. Il réclame à ses investisseurs dont la Banque Mondiale une extension de 10 ans de la période de grâce pour rembourser ses 3,14MM$ d’emprunt. Ertan aura perdu 707M$ d’ici 2006, à moins d’une hausse des prix ou de nouveaux clients. L’export d’électricité vers la côte, selon le projet central, voit d’autres nuages avec les projets de plusieurs provinces orientales, d’équipement en centrales nucléaires, à l’issue des trois ans de moratoire imposés en ’99. A l’ANP, le Guangdong a fait pression pour obtenir le feu vert pour deux tranches supplémentaires de 2M de KW (et 2,4MM$) à Daya Bay, et de quatre autres à Yangjiang (8,5MM$). Le Shandong en veut une (3MM$) à Haiyang, imité du Fujian et du Zhejiang.
A travers ce débat «électrique», la Chine exprime plus clairement les difficultés à créer, au-delà des tiraillements des 30
provinces, un marché national!
Sommaire N° 11