14 adeptes du Falungong furent trouvées mortes pendues (20/6) dans un laogai (camp) près de Harbin (Nord-Est).
« Suicide« , dit la justice, qui précise que 11 femmes ont été sauvées. « Torture« , dit la secte -ses morts atteindraient le chiffre de 236. Invérifiable, mais la 1ère version semble plausible, comme lors de l’immolation collective du 23/01.
Les autorités s’attendaient à ce geste : les rondes se succédaient toutes les 5′, laps très court. Dix jours avant, la justice avait reçu l’ordre d’inculper de meurtre tout sectaire incitant au suicide. En annonçant le drame (15 j. plus tard),le porte-parole judiciaire suggérait que l’action était commandée depuis l’étranger – par Li Hongzhi, le fondateur du FLG…
Ainsi, depuis janvier, le conflit a changé de terrain. Le flot d’arrestations place TAM (33.000 en 1999) s’est tari, remplacé par des suicides collectifs ponctuels, incohérents puisque non revendiqués. Partout, les structures de formation, recrutement, pratique ont été éradiquées, y- compris la « société de recherche » rassemblant, dit-on, des adeptes hauts placés. Autre évolution : le torchon brûle au sein du groupe. « On » reproche à Li de prôner le martyr, depuis la quiétude des rives yankee. D’autres lui nient le titre de « Maître ». Sa fuite aux US en 1998 aurait eu pour cause, moins le souci d’éviter sa prise de corps, qu’un schisme: face à ses propres contestataires, Li aurait fait le pari délibéré de « priver le pays de sa présence, afin de faire plébisciter son retour par sa base« !
Quoiqu’il en soit, alors que ses messages se font plus comminatoires et abscons que jamais, son apologie de « l’épreuve pour valider le FLG et sauver le monde», vieillit mal. Le suicide de Harbin (si c’en est un), ne serait-il pas un acte de désespoir, suite à une perte de foi?
Bilan: le FLG est frappé, mais pas à mort. Galvanisés dans la souffrance, ses adeptes se terrent, disséminent leurs matériels pour prévenir les grosses »prises » par la police. Formé à la clandestinité du PCC, le FLG apparaît solide. Pour sa part, en s’aventurant dans l’univers théologique (en traçant la frontière normative entre hérésie et bonne foi), le PCC entre en un terrain mouvant, qui lui fait toucher à l’existence de besoins privés spirituels. Et pour citer Benoît Vermander, (Jésuite, Directeur de l’Institut Ricci, Taibei), l’aventure du FLG «témoigne d’une progressive affirmation par les citoyens… de la liberté de conscience et religieuse».
Sommaire N° 25