Editorial : La Chine à l’OMC – une page vierge de l’histoire mondiale !

Avec la signature à Genève, 17 septembre 2001, de l’entrée de la Chine à l’OMC, s’achèvent 15 ans de négociations. Ce contrat de 800 pages suscite des critiques des deux bords: preuve d’équilibre, et d’ignorance de l’avenir – c’est le saut dans l’inconnu.

La Chine envisage 10M d’emplois ruraux perdus en 5 ans : une étude, en 2000, en prévoyait 40, par le jeu des fermetures d’usines non viables et des imports agricoles massifs des USA: Han Deqiang, jeune économiste gauchiste, dénonce l’invasion étrangère – « nous ne sommes pas prêts » !

L’influence du club marchand ira plus loin que ses règles stricto sensu: d’ici 10 ans, l’OMC devrait avoir supprimé l’interférence du PCC dans les usines publiques: condition pour résister à la concurrence. De même pour former managers et ingénieurs en qualité et en nombre désirés, l’Etat devra bien céder aux universités une autonomie aujourd’hui absente.

Négociant son contrat «OMC», Pékin a guerroyé pour maintenir la priorité de son propre marché sur les services –banques, assurances notamment. Elle a obtenu le maximum, mais la porte est loin d’être fermée. Percluses de dettes et de mauvaises habitudes après 50 ans de protectionnisme, les EE financières (bourse, assurance, banque), de télécom, de chimie, disposent de peu d’années pour rattraper la compétitivité du dehors. Il y a du chemin à faire: les deux groupes pétroliers nationaux, Sinopec et Petrochina comptent chacun 500.000 employés, contre 100.000 en moyenne chez des groupes mondiaux comme Shell ou Exxon

La contrepartie, pour la Chine, est belle. En petite industrie (jouets, textile, bureautique, électroménager), les pays riches ouvrent grandes leurs portes. Les prix chinois sont si bas que des groupes mondiaux préparent la cession de leur activité productive à des firmes d’Asie, pour ne garder que leur marque et leur réseau de vente. C’est ainsi que la Chine devient le mécano de l’univers. L’Ouest doit accélérer son passage à d’autres vocations (services). On l’aura noté: la Chine, pays « neuf » (ou renaissant) prend des risques, et fait preuve d’une capacité en ce domaine, au moins égale à celle de l’Ouest. Goût du risque décrit par Mao 50 ans plus tôt: « les plus belles pages d’histoire s’écrivent sur une page vierge! »

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