Petit Peuple : la sorcière a trois maisons

· Ces dernières années, la Chine a eu son lot de charlatans exploitant leurs patients, voire les ex-pédiant ad patres. Ce qui suit est une histoire de  cheng geng chui ji -chat échaudé craint l’eau froide (littéralement, "après la soupe brûlante, on souffle la viande froide!"). A Shiguan (Henan), Mme Liu, 62 ans, avait conquis la notoriété en soignant ses proches au tisanes de radis fermenté. Pour son thé à la noix, on venait de tout le canton. La quasi-sorcière avait -disait elle- des pouvoirs surnaturels, tels soigner les gens par le rêve. Un jour pourtant, Liu fut brutalement ramenée aux dures réalités terrestres, et jetée au cachot, suite à des plaintes en extorsion de "cadeaux". Entre ses trois maisons, les agents rassemblèrent dix camions d’un souk mémorable incluant 113 lits d’acier, 300 édredons, des machines à laver, lecteurs de VCD, téléviseurs… Mais de quoi l’inculper? Liu n’avait tué personne avec ses décoctions, et dans tous les cas qu’elle ne pouvait traiter, elle affirme avoir conseillé le médecin. Difficile de l’épingler pour exercice illégal de la médecine. Mais les gendarmes n’ont pas pu ignorer les enseignes et diplômes placardés chez elle, tels: «Appointée par le Ministre des Affaires Civiles et Militaires de la Porte Sud du Ciel», ou encore «Institut du Dragon Chinois». A la lecture de ce dernier, les yeux des limiers brillèrent – c’était le nom d’une société secrète, interdite en son temps par Mao. L’affaire était claire. En plus de s’adonner à des « rites superstitieux et féodaux », madame Liu versait dans des pratiques d’une correction idéologique contestable. Comme elle a pu, madame Liu a fait valoir, de sa cellule, son innocence à tous les sens du terme : elle est analphabète, donc ne pouvait lire l’enseigne !

 

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