Depuis 1949, Confucius se retrouve ballotté par les vagues politiques — la campagne de Mao «pi Lin pi Kong», « contre Lin Biao et Confucius » reste en toutes les mémoires.
Depuis Deng Xiaoping par contre, les écoles Confucius sont de retour, rendant les bonnes manières aux fils de bonne famille. Symbole de paix, il a aussi donné son nom à des centaines de centres culturels sur les cinq continents, et à un Prix en 2010, pour rivaliser avec le Nobel de la Paix, lequel avait eu le malheur de déplaire par ici.
Une expo s’est ouverte à Shanghai en avril, sur Einstein, auquel les autorités ont cru bon plaquer l’auteur des Analectes, sans explication. L’un et l’autre, grands hommes, étant peut-être vus comme des penseurs dominants de leurs époques, amoureux des études et des valeurs morales.
En janvier, le pouvoir installait, place Tian An Men, en face du portrait de Mao, une majestueuse statue du penseur antique, 9.5m de haut en bronze et vert de gris. Le symbole était évident et bénin : deux géants retrouvés, l’histoire réconciliée, les deux creusets de valeur chinoise en interaction oecuménique…
Mais voilà que le 28/04, la statue est repartie dans la nuit, sans tambours ni trompettes. Fièvre maoïste ? Querelle des anciens et des modernes? En tout cas, l’indécision au sommet, semble bien respecter la parole du maître qui affirmait, 2500 ans en arrière : « je ne peux rien, pour qui ne se pose pas de questions ».
Sommaire N° 17